Les effets de répartition du glucose de l’isoleucine: un BCAA sous apprécié et ses dipeptides qui optimisent l’expression des GLUT4

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Note EM: Même si j’apprécie énormément ce blog pour l’information scientifique précieuse qu’il distille, le titre lui-même fait preuve d’un manque de synthèse et de clarté de l’expression où l’on retrouve fréquemment deux ou trois sujets dans la même phrase. C’est un peu dommage car la qualité des articles de vulgarisation scientifique est particulièrement appréciable. Peut-être serait-il souhaitable que les formations universitaires en sciences dures se chargent d’un cours de méthodologie et de quelques rappels de grammaire simples du genre Sujet + Verbe + Complément et notamment des règles qui régissent les phrases complexes, cela serait particulièrement apprécié et appréciable pour les lecteurs, qu’ils soient sur Internet ou publiés dans les magazines scientifiques (avec comités de lecture). Dans ces conditions, il me sera difficile de traduire un grand nombre de ces articles rapidement, cela va s’en dire. Sur ce, je redonne la parole au Dr. Andro.

Eric Mallet

Rôle de l'isoleucine sur la gestion des calories

Vous vous attendez toujours à voir apparaître vos abdominaux ? Peut-être avez-vous simplement suivi les mauvais ratios « scientifiquement prouvés », « supérieurs » ou « modernes » avec des ratios non naturels de BCAA dans votre alimentation peri-training. Même si ce n’est pas la seule raison, quoi que…

Article SuppVersity: The Glucose Repartioning effects of Isoleucine (…)

La semaine dernière, j’ai posté plusieurs articles de presse Facebook qui étaient, d’une manière ou d’une autre, apparentés aux effets négatifs d’un isolement de (micro) nutriments et/ou de la prise de ce qu’on pourrait appeler des ratios «contre-nature». De fait, un de ces ratios naturels dont la plupart d’entre vous est familier rime avec la proportion de 2:1:1 de la leucine, de l’isoleucine et de la valine, les trois acides aminés à chaîne ramifiée. J’ai longtemps jugé ceci d’un œil plus que sceptique à voir comment les fabricants de suppléments ont tenté de monétiser sur le battage médiatique injustifié de la leucine en tordant les rapports 2:01:01, 3:01:01 et même 10:1:1 en déclarant que ce serait une modification « plus anabolisante » ou « scientifiquement validée ». Avec la publication imminente d’un document par un groupe de scientifiques brésiliens, je suis encore assez certain que vous allez bientôt voir apparaître des rapports très différents (Morato. 2013).

La Leucine c’était hier, l’isoleucine c’est le futur – du moins pour des gains en masse musculaire sèche

Les données présentées par les chercheurs et publiés dans un article du Journal de la Chimie Alimentaire indique clairement que ni la L-Leucine, ni la L-Glutamine, ni la L-Cystéine, ni l’arginine, ni la L-Citrulline et aucun des autres acides aminés habituellement étudiés mais que l’acide aminé branché L-Isoleucine est la véritable force motrice de l’augmentation de translocation et de captation du glucose par les GLUT-4  en réponse à une prise de BCAA et de sources de protéines riches en BCAA tels que les protéines de lactosérum.

Pour étudier les effets individuels des différentes composantes du lactosérum sur la captation du glucose, les chercheurs ont administré un mélange de glucose + hydrolysat de protéines de lactosérum ou l’un des acides aminés/dipeptides suivants à 49 rats qui avaient fait de l’exercice la veille et ont été laissés à jeun 15:30 heures plus tard (ce protocole a été conçu pour épuiser le glycogène musculaire et hépatique) : L-Isoleucine (Ile) , L-Leucine (LEU), L-Leucine ainsi que L-Isoleucine (LEU + ILE), L-Isoleucyl-L-leucine et (ILE -LEU), L-Leucyl-L-Isoleucine (LEU- ILE).

Après avoir reçu ces solutions , les animaux (N = 7 par groupe) ont été sacrifiés et les effets sur le transporteur de glucose 4 (GLUT-4), p-Akt et AMPK dans le muscle squelettique, ainsi que les niveaux d’insuline et de glucose dans le sang et la teneur en glycogène du foie, du muscle squelettique et cardiaque ont été évalués.

Expression des protéines après la prise de lactosérum acides aminés et peptides

Tableau I: Expression des protéines du muscle squelettique, niveau d’insuline, de glucose et de glycogène musculaire, hépatique et cardiaque, 30 minutes après l’ingestion de glucose + whey/AA/peptides en solution.

Ou se trouvait donc le glucose ?

Training avec vélo statique

L’entraînement qui vise la chute totale du glycogène peut être vu comme une technique d’intensité qui peut augmenter la biogenèse des marqueurs des mitochondries par plus de 700%. Cependant, ne pas régénérer vos réserves de glycogène musculaire pendant des jours peut être interprété comme de la folie furieuse.

Ce qui peut vous surprendre, cependant, est le fait que le glucose qui a disparu de la circulation sanguine ne réapparaît pas sous forme de glycogène dans l’un des organes testés. Ce n’est pourtant pas dû à l’oxydation, et encore moins au dépôt dans les tissus adipeux des animaux mais cela s’explique simplement en rappelant que pour le protocole de l’étude, les rongeurs n’avait plus que 30 minutes à vivre après l’administration de la solution d’essai. Selon des recherches antérieures, la chute complète des niveaux de glycogène sévèrement réduit peut prendre jusqu’à 24 heures (Jentjens. 2003) et ceci, en présence de quantités suffisantes de glucose. La solution de glucose à 30% dans laquelle 0.55g/kg de lactosérum, d’acides aminés ou de dipeptides ont été utilisés dans l’étude, cependant, n’aurait pas été suffisante pour que les niveaux de glycogène se rétablissent à un degré significatif, même si ces pauvres créatures avaient eu 24 heures de plus à vivre.

Maintenant, vous pouvez certainement faire valoir que les scientifiques n’auraient pas dû mesurer la teneur en glycogène en premier lieu, s’ils savaient déjà qu’il ne changerait pas. Dans un sens, c’est vrai, mais puisque nous savons que le taux d’absorption du glucose est inversement proportionnel aux taux de glycogène dans le muscle, la mesure de la teneur réelle en glycogène était nécessaire simplement pour s’assurer que les différences inter-groupes  en termes de quantité de glycogène qui restait encore dans les muscles, le foie et le tissu cardiaque des animaux ne pouvait pas interférer avec les résultats de l’étude.

Acides aminés, lactate déhydrogenase (LDH), creatine kinase et plus…

Caféine Glut-4 et diabète

Le café noir contient l’un des promoteurs de GLUT4 les moins connus au monde. C’est au moins ce que suggère un article de Guarino en 2012. Cela explique en partie les risques moindres de diabètes chez les buveurs habituels de café ainsi qu’une incidence moindre du cancer, apportée par la synergie naturelle des nombreux nutriments retrouvés dans le café.

En plus du paramètre indiqué précédemment, Morato et al. ont également analysé toute une série de paramètres supplémentaires, principalement avec des résultats non significatifs ou physiologiquement pertinents. Un détail qui vaut la peine d’être mentionné concerne les taux sériques plus élevés du principal acide aminé glyconéogénique L-Alanine dans le groupe de L- L-Isoleucine.

Les scientifiques attribuent celui-ci à la compétition de l’isoleucine et de l’alanine pour le transport hépatique via le transporteur neutre d’acides aminés. L’absorption réduite de la L-Alanine par le foie, à son tour, aurait pu réduire la néoglucogenèse hépatique et ont donc contribué à une nouvelle réduction (ou absence d’une augmentation) des taux de glucose sérique. Cela expliquerait aussi les taux inférieurs de L-Alanine amino-transférase dans le groupe isoleucine. Après tout, cette enzyme qui est souvent attribuée à tort comme un indicateur de lésions du foie n’est en réalité rien d’autre qu’un marqueur de la transamination de la L-Alanine, un processus qui représente une étape nécessaire dans la néoglucogenèse hépatique à partir de L-Alanine en pyruvate, qui sera ensuite convertie en glucose et libérée dans le sang.

Pour résumer: Si nous récapitulons les résultats, les principaux messages à retenir de cette étude sont les suivants: (1) N’essayez jamais de tromper la sagesse de la nature, (2) l’acide aminé jusqu’alors souvent négligé et n°3 des BCAA pourrait bien être un contributeur très important à l’organisme des effets de recomposition des nutriments et donc des acides aminés à chaîne ramifiée et des protéines riches en BCAA (3), tandis que l’isoleucine peut être la reine des trois, quand il s’agit de l’augmentation non insulino-dépendant de l’activité des GLUT-4 et de l’abaissement de la glycémie, le dipeptide L-Leucyl-isoleucine du lactosérum avec ses effets profonds sur l’Akt et l’insuline, est probablement le plus anabolisant des stimulants des GLUT-4.

Sur la base de ces idées, la plupart d’entre vous ne vont probablement rien modifier à leur protocole… a moins que vous ayez craqué pour ces publicités injustifiées du business du complément alimentaire et que vous ayez changé votre protéine de lactosérum pas chère pour un produit riche en BCAA ou en EAA avec des tonnes de L-Leucine et presque rien d’autre à côté.

Il s’agit de redonner son importance à l’isoleucine !

Si oui ou non il y aurait des avantages concrets à conseiller une supplémentation isolée  en L -Isoleucine pour les personnes ayant une sensibilité à l’insuline compromise ou même pour les diabétiques, cela devrait être élucidé dans de futures études. Compte tenu du fait que les BCAA ont pourtant déjà été proposés comme un « traitement » viable des stratégies pour le diabète de type II et maladies apparentées, et (Manders 2012. Takeshita 2012.) compte tenu du fait que la L-Leucine seule n’a pas eu d’effets bénéfiques sur la gestion du glucose sur les régimes pro-diabétiques (Nairizi. 2009), l’ajout d’isoleucine aux produits destinés à augmenter l’absorption de glucose par le muscle squelettique semble certainement utile à examiner. Si les résultats sont nettement supérieurs à ceux de l’hydrolysat de protéines de lactosérum (Sousa. 2012), d’autre part, il s’agit de quelque chose qui reste encore trop incertain.

REFERENCES SCIENTIFIQUES

  • Jentjens R, Jeukendrup A. Determinants of post-exercise glycogen synthesis during short-term recovery. Sports Medicine. 2003; 33(2):117-144.
  • Manders RJ, Little JP, Forbes SC, Candow DG. Insulinotropic and muscle protein synthetic effects of branched-chain amino acids: potential therapy for type 2 diabetes and sarcopenia. Nutrients. 2012 Nov 8;4(11):1664-78.
  • Morato PN, Lollo PCB, Moura CS, Batista TM, Carneiro EM, Amaya-Farfan J. A dipeptide and an amino acid present in whey protein hydrolysate increase translocation of GLUT-4 to the plasma membrane in Wistar rats, Food Chemistry. 2013 [epub ahead of print].
  • Nairizi A, She P, Vary TC, Lynch CJ. Leucine supplementation of drinking water does not alter susceptibility to diet-induced obesity in mice. J Nutr. 2009 Apr;139(4):715-9.
  • Sousa GT, Lira FS, Rosa JC, de Oliveira EP, Oyama LM, Santos RV, Pimentel GD. Dietary whey protein lessens several risk factors for metabolic diseases: a review. Lipids Health Dis. 2012 Jul 10;11:67.
  • Takeshita Y, Takamura T, Kita Y, Ando H, Ueda T, Kato K, Misu H, Sunagozaka H, Sakai Y, Yamashita T, Mizukoshi E, Honda M, Kaneko S. Beneficial effect of branched-chain amino acid supplementation on glycemic control in chronic hepatitis C patients with insulin resistance: implications for type 2 diabetes. Metabolism. 2012 Oct;61(10):1388-94.

A propos de l'auteur

Passionné et pratiquant de la musculation depuis près de 28 ans, je me suis toujours intéressé au développement des ergogènes et de la nutrition sportive. Diplômé des universités Lille 3 et Paris 7, je travaille actuellement sur la rédaction de plusieurs ouvrages dont la sublimation par la culture physique et la musculation sur le plan psychanalytique. Consultant dans le domaine des compléments alimentaires, j'accompagne les entreprises dans le développement de leur stratégie de vente et de communication en matière de nutrition sportive. Espace Corps Esprit Forme est à considérer comme un blog de vulgarisation scientifique, destiné à aider les athlètes tout en leurs donnant des informations scientifiques utiles à leur pratique des sports de force.

2 Commentaires

  1. Palacios -  10 novembre 2013 - 23 h 01 min

    Bonjour
    D’après c’est article une simple whey après l’entrainement serait suffisant, inutile de rajouter des BCAA, de la glutamine etc.,pour améliorer sa récupération après une séance de musculation. Si vous pouviez m’aider et me dire si j’ai bien compris c’est article ou si je suis dans l’erreur.

    http://topboost.fr
    • Eric -  10 novembre 2015 - 11 h 40 min

      Bonjour,

      A vrai dire, l’article insiste surtout sur le rôle de l’isoleucine et de sa sensibilisation des transporteurs GLUT-4, ces fameuses molécules qui permettent au glucose de passer la membrane cellulaire des muscles squelettiques. On est loin d’affirmer que des BCAA avec de la « whey » ne pourraient pas apporter un plus à la récupération post-exercice. En réalité, le contraire a même été étudié par la recherche (voir l’article traduit).

      Merci pour votre commentaire,
      Eric

      https://www.espacecorps-espritforme.fr/

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