16 - 12
2017
Pendant les entraînements par intervalles et l’entraînement de force, les muscles libèrent de grandes quantités de lactates dans la circulation sanguine. Toujours est-il que le lactate – faussement nommé acide lactique – pourrait bien protéger vos cellules contre d’autres molécules. Il aiderait aussi les cellules à mieux fonctionner et retarderait les processus du vieillissement. C’est du moins, la conclusion que les chercheurs de l’Université de Tokyo ont tiré des expériences qu’ils ont réalisées avec des souris.
L’étude scientifique sur les lactates
Les chercheurs ont donné 1 gramme de lactate de sodium par kilo de poids corporel à des souris en l’administrant dans l’intestin grêle. Trois heures plus tard, ils ont voulu savoir si les gènes des muscles du mollet des animaux avaient commencé à travailler différemment. Le tableau ci-dessous montre que « l’acide lactique » avait déjà disparu de la circulation sanguine.
Résultats de l’étude sur le métabolisme des lactates
Les chercheurs ont découvert que l’acide lactique avait permis une expression augmentée du gène Pgc-1-alpha. En effet, la protéine synthétisée par ce gène joue un rôle clé dans la production des mitochondries. Comme vous le savez, les mitochondries sont les générateurs d’énergie des cellules. Elles métabolisent les nutriments de vos aliments en énergie.
Les gènes Mt1 et Mt2 codent pour les enzymes métallothionéine-1 et -2, qui jouent un rôle dans la protection des cellules contre certaines molécules indésirables, notamment les métaux lourds. Les scientifiques supposent que les substances qui permettent aux cellules à synthétiser plus de mitochondries stimulent également la combustion des graisses et qu’elles pourraient retarder les processus liés au vieillissement. Des études récentes ont d’ailleurs montré que le vieillissement était en partie le résultat d’une crise énergétique cellulaire – le vieillissement conduit à une réduction du nombre de mitochondries dans les cellules, et par conséquent, les mitochondries restantes fonctionnent moins bien. En conséquence, les cellules commenceraient à fonctionner moins bien en raison de la pénurie d’énergie.
Conclusion de l’étude sur l’acide lactique
Pour synthétiser, disons que les Japonais ne décrivent que l’effet de « l’acide lactique » sur les muscles dans leur article. Cependant, ils affirment aussi qu’ils soupçonnent que l’acide lactique, normalement produit par les muscles pendant l’exercice intensif, serait également actif dans d’autres parties du corps.
« Nos résultats suggèrent que le lactate, qui augmente pendant l’exercice, agirait également comme un signal pour réguler à la hausse les gènes liés à la fonction mitochondriale », concluent les chercheurs.
« Notre étude précédente a rapporté que l’exercice de course sur tapis roulant a augmenté les niveaux d’ARNm des PGC-1-alpha et PDK4 dans le foie, alors que des adaptations similaires ont été observées avec l’injection de lactates. En outre, l’injection de lactates a également augmenté le taux d’ARNm de l’UCP1, induisant la conversion des graisses blanches en graisses brunes.
« Même si le muscle squelettique n’est pas le premier site de production des lactates, leurs effets pourraient ne pas se limiter à ce seul site » en concluent les chercheurs.
Source de l’article: Lactic acid keeps you fit, healthy and young
Source Ergo-log: Appl Physiol Nutr Metab. 2016 Jun;41(6):695-8.
Traduction pour Espace Corps Esprit Forme
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Note EM: Comme vous le savez, il s’agit bien ici de traiter du métabolisme du lactate et pas de l’acide lactique à proprement parler. En effet, l’acide lactique n’existe pas au niveau intramusculaire sur le plan biochimique (pH situé entre 7,05 et 6,1). Pour être plus exact, disons qu’il bascule très rapidement en lactate par effet tampon afin de rééquilibrer le pH. Cependant, par absence d’oxygène (fermentation), le glucose est bien métabolisé en acide lactique. Par honnêteté intellectuelle, l’article original a été traduit en respectant la rédaction originale des auteurs d’Ergo-log. Pour comprendre ce phénomène, reportez-vous à l’article publié dans cairn.info publié dans la revue du STAPS et dont je viens de vous donner le lien.
Eric Mallet
Références bibliographiques
- E. L. et al, Lactate administration reproduces specific brain and liver exercise-related changes, J Neurochem. 2013 Oct;127(1):91-100.
- Carrière A. et al., Browning of white adipose cells by intermediate metabolites: an adaptive mechanism to alleviate redox pressure, Diabetes. 2014 Oct;63(10):3253-65.
2 Commentaires
Il ne faut pas confondre acide lactique et lactate Il faut être précis dans les termes que l’on emploie et trop nombreux sont ceux qui confondent encore ces deux formes de la fameuse substance chimique. En fait, c’est simple et ça se résume en une seule équation :
acide lactique = lactate + 1 proton
C3H6O3 = C3H5O3 + H+
Sinon article intéressant
Bonjour,
Oui, je m’en doute bien, cela fait des années que l’ont essaie de dire aux sportifs que ce n’est pas une question d’acide lactique mais du métabolisme des lactates. Cependant, il s’agissait ici de la traduction d’un article. C’est pour cette raison que j’ai traduit strictement les termes employés par les auteurs, par souci d’honnêteté intellectuelle. A ce sujet, j’ai précisé dans le dernier sous-titre: « Conclusion sur les lactates ». J’ajouterai une note en fin d’article à ce sujet.
Bien cordialement,
Eric Mallet