Nous discutions dernièrement des cétoacides sur les réseaux sociaux mais ce sont, à vrai dire, des composés organiques bien moins connus que leurs proches cousins, les acides aminés. Effectivement, les acides aminés peuvent être désaminés pour former des alpha-cétoactides (bêta et gamma) à l’aide d’enzymes, les désaminases. C’est l’une des étapes de la néoglucogenèse qui mène vers le glucose au cours du catabolisme de ces mêmes acides aminés. N’oublions pas que le catabolisme des acides aminés (et des acides gras) s’accentue lorsqu’il y a un manque de glycogène et donc, que votre alimentation en glucides est insuffisante.
D’autre part, vous avez sans doute déjà rencontré des acides aminés liés à des cétoacides, comme par exemple pour l’arginine alpha-cétoglutarate ou l’ornithine (AKG ou OKG). Votre organisme peut aussi procéder à l’opération inverse, c’est à dire d’ajouter un groupe amine aux cétoacides afin de retrouver des acides aminés. Nous verrons que cela pourrait être intéressant sur le plan de la performance dans un prochain article. Mais revenons à cette traduction d’Ergo-log relatant une expérience allemande où des athlètes ont reçu des cétoacides en suppléments, en lieu et place d’acides aminés standards.
Les alpha-cétoacides sont des produits intermédiaires formés au cours du processus de transformation des acides aminés en énergie par les cellules. Si vous donnez ces molécules intermédiaires aux athlètes comme supplément, ils améliorent leurs performances pendant l’entraînement. C’est ce qu’ont découvert des scientifiques du sport à l’Université d’Ulm en Allemagne. L’alpha-cétoglutarate [formule structurale montrée ici] en particulier fonctionnerait bien.
Plus le corps brûle d’acides aminés, plus il y a d’éléments constitutifs disponibles pour les muscles, mais en même temps, la quantité d’ammoniac dans le sang augmente également. Cette dernière cause de la fatigue. Les athlètes peuvent prévenir cela en augmentant leur apport en glucides mais les excès ne sont pas non plus très sains. Les scientifiques du sport étaient à la recherche d’alternatives et les acides alpha-cétoacides pourraient bien l’être.
Les alpha-cétoacides sont liés au catabolisme et à la synthèse des acides aminés
Les acides alpha-cétoacides aident à réduire la concentration d’ammoniac dans le sang. Les enzymes fixent l’ammoniac aux alpha-cétoacides et, ce faisant, les transforment en acides aminés. L’alpha cétoglutarate par exemple, est converti en glutamate. Vous faites donc d’une pierre deux coups : vous donnez plus d’acides aminés à vos muscles et vous réduisez la fatigue. Note EM: [L’oxydation des acides aminés est réversible jusqu’aux cétoacides].
Ça a l’air génial en théorie. Mais est-ce que cela fonctionne dans la pratique ? C’est ce que les Allemands voulaient tester. Ils ont réalisé leur test clinique avec un groupe d’hommes en bonne santé mais non-sportifs, d’une vingtaine d’années, pour un entraînement de quatre semaines. Cinq jours par semaine, ils devaient courir pendant une demi-heure, puis faire trois sprints.
Les chercheurs ont divisé leurs sujets en trois groupes. Un groupe a reçu un placebo, le deuxième groupe a reçu de l’alpha cétoglutarate et le troisième des BCKA (BCAA céto-acides). Les sujets ont pris leurs suppléments à peu près au même moment que l’entraînement – deux heures avant et deux heures après l’entraînement. Les suppléments étaient pris sous forme de granules, emballés dans des sachets. Les sujets devaient les dissoudre dans l’eau. Les suppléments ont été fournies par la société française Evonik Rexim.
Une expérience clinique avec un supplément de BCKA, d’alpha-cétoglutarate et placebo
Les hommes du groupe alpha-cétoglutarate prenaient 0,2 g d’alpha-cétoglutarate [AKG] par kg de poids corporel chaque jour. Pour être précis : ils ont pris 127 mg d’alpha-cétoglutarate/kg/jour sous une forme liée au sodium et 73 mg/kg/jour sous une forme liée au calcium. En incluant le calcium et le sodium, les hommes ont pris un supplément quotidien de 0,24 g/kg.
Les hommes de l’autre groupe expérimental ont pris 0,2 g de céto-BCAA [BCKA] par kg de poids corporel par jour. Il s’agissait de 47 % d’alpha-céto isocaproate [l’analogue céto de la Leucine, qui est converti dans l’organisme en HMB], 30% d’alpha-céto isovalérate [l’analogue céto de la Valine] et 23 % d’alpha-céto méthylvalerate [l’analogue céto de l’Isoleucine]. Le premier composé de la liste ci-dessus était lié au sodium, les deux autres étaient liés au calcium. En incluant le calcium et le sodium, les hommes ont pris un supplément quotidien de 0,23 g/kg.
Les hommes des groupes qui ont pris des suppléments ont manqué moins de séances d’entraînement. Au cours de la quatrième semaine d’expérience, le temps total d’entraînement des personnes des groupes expérimentaux était beaucoup plus élevé. C’est ce que montre les chiffres ci-dessous. Les sujets des groupes qui ont pris des suppléments ont trouvé l’entraînement moins fatigant. Cela leur a permis de continuer plus longtemps.
Avant la période d’entraînement, immédiatement après et une semaine plus tard [après la récupération], les chercheurs ont mesuré le couple et la puissance que les sujets pouvaient développer avec leurs muscles des jambes. Pour ce faire, ils ont utilisé un dynamomètre biodex isocinétique. Les groupes qui avaient pris des suppléments ont obtenu de meilleurs résultats que le groupe témoin, comme le montre le graphique ci-dessus.
La valeur p était plus petite dans le groupe AKG que dans le groupe BCKA. Cela signifie que le groupe AKG a réagi de manière un peu plus convaincante que le groupe BCKA. Les suppléments n’ont eu aucun effet sur l’absorption maximale d’oxygène.
« La supplémentation nutritionnelle en alpha-cétoacides chez des sujets sains et non entraînés a considérablement amélioré la tolérance à l’exercice, les effets de l’entraînement et l’état de récupération du stress « , concluent les chercheurs. Ils pensent que les suppléments en alpha-cétoacides peuvent aider les athlètes débutants qui ont souvent de la difficulté à se motiver pour continuer à faire du sport, afin qu’ils n’abandonnent pas si facilement.
Source de l’article: Alpha-keto acids give athletes more energy
Source Ergo-log: J Int Soc Sports Nutr. 2012 Aug 2;9(1):37.
Traduction pour Espace Corps Esprit Forme
Eric Mallet
Les alpha-cétoacides donneraient plus d’énergie aux athlètes
09 - 09
2019
Nous discutions dernièrement des cétoacides sur les réseaux sociaux mais ce sont, à vrai dire, des composés organiques bien moins connus que leurs proches cousins, les acides aminés. Effectivement, les acides aminés peuvent être désaminés pour former des alpha-cétoactides (bêta et gamma) à l’aide d’enzymes, les désaminases. C’est l’une des étapes de la néoglucogenèse qui mène vers le glucose au cours du catabolisme de ces mêmes acides aminés. N’oublions pas que le catabolisme des acides aminés (et des acides gras) s’accentue lorsqu’il y a un manque de glycogène et donc, que votre alimentation en glucides est insuffisante.
D’autre part, vous avez sans doute déjà rencontré des acides aminés liés à des cétoacides, comme par exemple pour l’arginine alpha-cétoglutarate ou l’ornithine (AKG ou OKG). Votre organisme peut aussi procéder à l’opération inverse, c’est à dire d’ajouter un groupe amine aux cétoacides afin de retrouver des acides aminés. Nous verrons que cela pourrait être intéressant sur le plan de la performance dans un prochain article. Mais revenons à cette traduction d’Ergo-log relatant une expérience allemande où des athlètes ont reçu des cétoacides en suppléments, en lieu et place d’acides aminés standards.
Les alpha-cétoacides sont des produits intermédiaires formés au cours du processus de transformation des acides aminés en énergie par les cellules. Si vous donnez ces molécules intermédiaires aux athlètes comme supplément, ils améliorent leurs performances pendant l’entraînement. C’est ce qu’ont découvert des scientifiques du sport à l’Université d’Ulm en Allemagne. L’alpha-cétoglutarate [formule structurale montrée ici] en particulier fonctionnerait bien.
Plus le corps brûle d’acides aminés, plus il y a d’éléments constitutifs disponibles pour les muscles, mais en même temps, la quantité d’ammoniac dans le sang augmente également. Cette dernière cause de la fatigue. Les athlètes peuvent prévenir cela en augmentant leur apport en glucides mais les excès ne sont pas non plus très sains. Les scientifiques du sport étaient à la recherche d’alternatives et les acides alpha-cétoacides pourraient bien l’être.
Les alpha-cétoacides sont liés au catabolisme et à la synthèse des acides aminés
Les acides alpha-cétoacides aident à réduire la concentration d’ammoniac dans le sang. Les enzymes fixent l’ammoniac aux alpha-cétoacides et, ce faisant, les transforment en acides aminés. L’alpha cétoglutarate par exemple, est converti en glutamate. Vous faites donc d’une pierre deux coups : vous donnez plus d’acides aminés à vos muscles et vous réduisez la fatigue. Note EM: [L’oxydation des acides aminés est réversible jusqu’aux cétoacides].
Ça a l’air génial en théorie. Mais est-ce que cela fonctionne dans la pratique ? C’est ce que les Allemands voulaient tester. Ils ont réalisé leur test clinique avec un groupe d’hommes en bonne santé mais non-sportifs, d’une vingtaine d’années, pour un entraînement de quatre semaines. Cinq jours par semaine, ils devaient courir pendant une demi-heure, puis faire trois sprints.
Les chercheurs ont divisé leurs sujets en trois groupes. Un groupe a reçu un placebo, le deuxième groupe a reçu de l’alpha cétoglutarate et le troisième des BCKA (BCAA céto-acides). Les sujets ont pris leurs suppléments à peu près au même moment que l’entraînement – deux heures avant et deux heures après l’entraînement. Les suppléments étaient pris sous forme de granules, emballés dans des sachets. Les sujets devaient les dissoudre dans l’eau. Les suppléments ont été fournies par la société française Evonik Rexim.
Une expérience clinique avec un supplément de BCKA, d’alpha-cétoglutarate et placebo
Les hommes du groupe alpha-cétoglutarate prenaient 0,2 g d’alpha-cétoglutarate [AKG] par kg de poids corporel chaque jour. Pour être précis : ils ont pris 127 mg d’alpha-cétoglutarate/kg/jour sous une forme liée au sodium et 73 mg/kg/jour sous une forme liée au calcium. En incluant le calcium et le sodium, les hommes ont pris un supplément quotidien de 0,24 g/kg.
Les hommes de l’autre groupe expérimental ont pris 0,2 g de céto-BCAA [BCKA] par kg de poids corporel par jour. Il s’agissait de 47 % d’alpha-céto isocaproate [l’analogue céto de la Leucine, qui est converti dans l’organisme en HMB], 30% d’alpha-céto isovalérate [l’analogue céto de la Valine] et 23 % d’alpha-céto méthylvalerate [l’analogue céto de l’Isoleucine]. Le premier composé de la liste ci-dessus était lié au sodium, les deux autres étaient liés au calcium. En incluant le calcium et le sodium, les hommes ont pris un supplément quotidien de 0,23 g/kg.
Les hommes des groupes qui ont pris des suppléments ont manqué moins de séances d’entraînement. Au cours de la quatrième semaine d’expérience, le temps total d’entraînement des personnes des groupes expérimentaux était beaucoup plus élevé. C’est ce que montre les chiffres ci-dessous. Les sujets des groupes qui ont pris des suppléments ont trouvé l’entraînement moins fatigant. Cela leur a permis de continuer plus longtemps.
Avant la période d’entraînement, immédiatement après et une semaine plus tard [après la récupération], les chercheurs ont mesuré le couple et la puissance que les sujets pouvaient développer avec leurs muscles des jambes. Pour ce faire, ils ont utilisé un dynamomètre biodex isocinétique. Les groupes qui avaient pris des suppléments ont obtenu de meilleurs résultats que le groupe témoin, comme le montre le graphique ci-dessus.
La valeur p était plus petite dans le groupe AKG que dans le groupe BCKA. Cela signifie que le groupe AKG a réagi de manière un peu plus convaincante que le groupe BCKA. Les suppléments n’ont eu aucun effet sur l’absorption maximale d’oxygène.
« La supplémentation nutritionnelle en alpha-cétoacides chez des sujets sains et non entraînés a considérablement amélioré la tolérance à l’exercice, les effets de l’entraînement et l’état de récupération du stress « , concluent les chercheurs. Ils pensent que les suppléments en alpha-cétoacides peuvent aider les athlètes débutants qui ont souvent de la difficulté à se motiver pour continuer à faire du sport, afin qu’ils n’abandonnent pas si facilement.
Source de l’article: Alpha-keto acids give athletes more energy
Source Ergo-log: J Int Soc Sports Nutr. 2012 Aug 2;9(1):37.
Traduction pour Espace Corps Esprit Forme
Eric Mallet