26 - 12
2016
Avec les années et l’étude du sujet, on finit par croire que l’on maitrise ses entraînements de musculation parce qu’on exécute parfaitement les mouvements qui nous permettent de stimuler la croissance musculaire. Entraînements lourds, à volume élevé, à forte intensité, méthode Weider, supersets, dropsets, entraînements en séries de 6, en séries de 8 à 12, en séries de 100, répétitions négatives, méthode Untel et un autre, double splits et encore d’autres, nutrition, compléments alimentaires classiques et d’autres moins classiques… finalement en 32 ans, on pense avoir fait le tour du sujet mais il ne reste finalement qu’une seule chose, c’est l’expérience sportive avec tout ce qu’elle représente en termes d’incertitudes.
C’est cette expérience qui continue à me pousser en avant sur le plan athlétique tout en sachant que finalement… il me reste encore beaucoup à apprendre. C’est finalement avec la méthode PPM de Francis Benfatto que je finirais par assimiler une technique d’entraînement totalement différente, avec une approche de l’exercice de résistance qui s’aventure loin des sentiers battus.
L’expérience nous donnent parfois l’illusion qu’il nous reste très peu à découvrir…
En 25 ans, j’ai dû, comme tout un chacun, composer avec mes points forts et mes points faibles, cherchant résolument à toujours progresser. N’étant pas très fort de nature, en comparaison à d’autres culturistes qui partent d’une meilleure base physique que la mienne, j’ai cherché à composer avec tous les éléments qui m’auraient permis de mieux progresser, qu’ils soient purement techniques ou plus en relation avec les compléments alimentaires. Difficile, encore maintenant, d’oublier le goût sensationnellement crémeux et vanillé des milkshakes Twinlab ou Universal Nutrition de Marc dans ma petite salle de musculation de Mouscron. A l’époque, j’avais déjà l’intuition que nous n’en étions qu’aux prémisses d’un domaine qui ne ferait que progresser de manière exponentielle; c’était en 1991. Disons que le temps a fini par me donner raison.
Mon blog m’a énormément aidé, d’une part à rassembler la connaissance que j’avais acquis durant toutes ces années sur les ergogènes, de manière à répondre simplement à une question évidente: dans quelle mesure les compléments alimentaires m’aideront à progresser plus rapidement puisque les PED n’entrent ni dans mon vocabulaire ni dans mon expérience, même si je connais très bien ce domaine pour l’avoir étudié avec une grande curiosité. Dans tous les cas, connaitre un domaine scientifique nous amène toujours à nous en rapprocher avec fruits ou au contraire à mieux s’en écarter, en toutes connaissances de causes et d’effets, si vous m’excusez ce jeu de mots particulièrement aigu. Vous m’en excuserez d’autant mieux car vous connaissez certainement Chrétien de Troyes qui disait qu’en littérature, on parle avec molt senefiance et conjointure, autant dire avec force de signification et de style… Bon… essayons de faire simple et revenons à nos moutons.
Interview de Francis Benfatto, une nouvelle aventure commence…
Avec beaucoup de fierté et de plaisir, j’ai donc récemment interviewé Francis Benfatto qui, comme vous le savez est intarissable sur notre sujet, tellement il maitrise non seulement notre domaine complexe de la musculation au plus haut niveau mais également le Monde du bodybuilding de la grande époque, celle de René Même (notre Charles Glass national), de Rich Gaspari, de Lee Labrada, de Lee Haney, Dorian Yates et bien sûr de Joe Weider. C’est avec son expérience de compétiteur international que Francis Benfatto a élaboré la méthode A.R.T System, une méthode d’entraînement basée sur des principes assez classiques de notre sport et ensuite, la procédure d’entraînement PPM, mise pour Progressive Performance Method, et qui fait lieu de cet article.
Élaborée par Francis Benfatto, Paul James est ensuite venu coucher l’ensemble des processus techniques, physiques, sportifs et athlétiques de cette nouvelle méthode sur le site de Benfatto Nutrition avec un style talentueux qui lui est propre. D’abord basé sur un article général sur la PPM rédigé par Francis lui-même, Paul James s’est efforcé de rédiger un « Teaser » judicieux en annonçant qu’ils allaient tous deux développer les grands principes du système d’entraînement PPM, l’un après l’autre…
J’éprouvais un peu de réticence à expérimenter la PPM à cause de mes habitudes d’exercice
Devenu collaborateur à part entière de Benfatto Nutrition, j’ai donc patiemment mis en ligne les articles de Paul en découvrant toutes les subtilités de la méthode d’entraînement made in Francis Benfatto, et un peu made in France quelque part quand même… Au départ, j’étais un peu, comme tous ceux qui ont pris un peu de la bouteille, réticent à utiliser la PPM dans un entraînement et ceci pour deux raisons. La première, c’est que les années d’exercices de résistance m’ont conditionné pour des séances d’entraînement multi-angulaires, un des principes les plus utilisés du bodybuilding puisque tout culturiste varie ses angles d’attaque pour obtenir une stimulation optimale de la croissance musculaire.
Ces notions de travail multi-angulaires me semblent d’ailleurs tellement évidents que j’en ai fait des articles. Ces articles font d’ailleurs partie des 50 premiers de mon blog, pour dire à quel point cela m’apparait crucial. Ce conditionnement m’est d’ailleurs venu naturellement après des années de lecture des grands magazines américains comme Muscular Development et Musclemag ou Flex par exemple. Difficile ensuite de ne pas être conditionné lorsque l’on se réfère toujours plus ou moins aux mêmes théories d’exercices. Alors la PPM, une méthode basée sur un seul mouvement, sans variation angulaire, vous voulez rire ?
Seulement, j’ai fini par rire jaune…
Avec la méthode PPM, j’ai fini par comprendre que de stimuler la croissance musculaire est plus complexe que de simplement changer l’angle des exercices ce qui, finalement, fini par trouver ses limites. En plus, quand on étudie de près les principes de l’hypertrophie, on comprend d’autant mieux que de choquer les muscles et de travailler un maximum de fibres différentes finira par être plus productif que de cibler plusieurs angles dont l’importance reste relative. J’ai également remarqué qu’en adoptant un entraînement multi-angulaires classique, l’intensité de l’entraînement avait tendance à diminuer alors qu’un entraînement PPM permet d’augmenter cette intensité à l’infini; tout simplement parce qu’on se concentre sur un seul exercice en essayant d’aller au bout de ses limites à chaque série mais aussi à chaque répétition en jouant sur la durée du temps sous tension.
Entraînement des cuisses avec la méthode PPM
Donc, au cours d’un mardi midi tout à fait ordinaire (sinon qu’il s’agissait de mon premier entraînement de la journée avant mon dos/biceps en soirée), me voilà devant le Leg extension à me dire que j’allais réaliser une série de 20 répétitions sur cet appareil. Pour moi, c’était un peu difficile à envisager, étant donné que je n’avais plus, depuis longtemps, l’expérience des séries longues et que je dépasse rarement les 12 répétitions. Avec une faible charge, j’ai donc commencé par exécuter ma première série en m’appliquant un maximum sur la qualité du mouvement et la lenteur relative de chaque répétition (je fais confiance à Francis).
J’y ai appliqué une amplitude maximale et une contraction forte en position haute, avec un étirement tout aussi maximal en bas du mouvement. Ici, il s’agit d’obtenir une maitrise totale de la charge et du stress musculaire, exactement comme l’a développé Francis Benfatto. A l’opposé, j’ai souvent l’impression qu’un grand nombre de jeunes pratiquants se donnent l’excuse du travail « explosif » car ils ne maitrisent pas la charge en mouvement et donc, qu’ils ne savent pas encore profiter à 100% du stress qu’ils placent sur leur groupes musculaires.
J’avais donc soigneusement réglé l’appareil avant d’exécuter l’exercice afin d’obtenir une stimulation musculaire optimale. Premier écueil, à la 12 ou 13ème répétition. J’avais les cuisses congestionnées et j’étais obligé de m’arrêter en pleine série. J’ai repris quelques secondes après pour terminer l’exercice. Déjà, les sensations étaient très bonnes et j’ai pris 1 m 30 avant de commencer ma seconde série. J’augmente la charge, la 2ème série passe plutôt bien, la congestion augmente légèrement, je sens bien les quadriceps travailler. La 3ème série est déjà un peu plus dans mes habitudes mais les deux premières m’ont tellement sollicités différemment que j’en ai retiré une stimulation musculaire encore meilleure.
Phase 2 de la PPM, les choses se compliquent, les sensations et la congestion s’améliorent
J’ai donc augmenté la charge pour passer sur la deuxième phase. Par contre, je ne saurais pas dire si c’était à cause de l’impatience et du manque de récupération suffisante entre les sériées mais la congestion musculaire des cuisses était vraiment exceptionnelle. Sur la 4ème série, j’ai fais mes 6 répétitions avec plus de facilité, je pouvais peut-être en faire 7. J’ai donc pris plus de temps avant de refaire une série de 7 puis de 8 avec une plaque en moins. La congestion était encore plus forte sur la 3ème phase avec les séries 7, 8 et 9. Impossible de faire la phase 4, j’ai suis resté là. J’en avais les jambes qui tremblaient avec la très bonne impression d’avoir travaillé entièrement les quadriceps. Naturellement, nous sommes ici à 100% dans le cadre de l’isolation des muscles entraînés avec peut-être, plus de résultats sur le plan de la croissance musculaire. Dans l’absolu, on pourrait très bien sélectionner un exercice d’isolation par groupe musculaire afin de réaliser une séance complète et c’est d’ailleurs dans ce sens que la procédure PPM a été élaborée par Francis Benfatto.
Cependant, il ne faut pas croire qu’il suffira d’adopter la méthode PPM à la lettre pour obtenir immédiatement des résultats fantastiques en termes de gains musculaires en masse ou en force. En effet, j’ai vraiment ressenti après ce premier training des cuisses que je n’avais fait qu’effleurer la méthode et qu’il me faudrait encore de nombreuses séances PPM pour en retirer réellement les meilleurs résultats en termes de progression physique, avec de meilleures sensations musculaires. De facto, la procédure PPM demande de nombreuses séances d’entraînement pour être parfaitement maîtrisée.
Un nombre incalculable de détails doivent être pris en compte pour mieux profiter de la PPM. Un placement optimal sur le banc sera le premier critère, l’adaptation musculaire à l’augmentation du temps sous tension sera certainement le second facteur à prendre en compte ainsi que la sélection optimale des charges de travail en troisième position. Dans ces conditions, il faudra de nombreuses séances d’entrainement au pratiquant pour profiter de cette méthode au maximum, je l’ai facilement remarqué avec ma seconde séance, puis avec la troisième.
La Performance Progressive Methode est idéale pour les cuisses avec le Leg Extension
De mon côté, j’ai adopté la méthode PPM pour mes quadriceps lors de mon premier entraînement du mardi midi. Ayant déjà de bonnes cuisses, j’avais un peu laissé ce groupe musculaire de côté pendant plusieurs années. Je réalisais des entraînements plutôt mécaniques le vendredi, des entraînements qui ne me donnaient pas vraiment de satisfactions ni de véritables progressions en termes de masse musculaire ou de force, c’était plutôt de l’entretien.
Aujourd’hui, je regrette un peu de n’avoir pas été plus persistant mais la méthode de Francis Benfatto m’a permis de faire un nouveau rebond en termes d’efficacité à l’entraînement pour mes quadriceps. A ce jour, j’en suis arrivé à un bon compromis puisque je préfère associer la PPM à des séances d’entraînement plus classiques. Pour ma part, je me positionne sur un training pur PPM le mardi midi associé à une séance plus classique le vendredi où j’utilise la première phase de la PPM au Leg Extension pour réaliser un échauffement optimal des quadriceps avant le Hack Squat et la presse ensuite.
La PPM de Francis Benfatto peut être appliquée à n’importe quel groupe musculaire…
Le mardi soir, je travaille sur deux groupes musculaires agonistes dos/biceps mais la PPM est impossible à réaliser avec cet entraînement car je termine mes séries de biceps avec une technique assez particulière qui repose sur une variante Biceps Curls et tractions assistées à la machine afin de pousser l’intensité du travail à son maximum, tant pour le dos que pour les biceps. J’aurais l’occasion de revenir sur ce type d’entraînement au cours de la troisième partie de l’article Votre Visa pour la Symétrie, le second volet est en cours d’écriture. Toujours est-il que j’utilise la PPM pour les biceps le vendredi soir.
Voilà ce qu’il en est pour la PPM avec ma vision des choses et mon expérience personnelle du bodybuilding. Naturellement, je ne pourrais que vous encourager à essayer la PPM de Francis Benfatto, que vous ayez 2 ans ou 20 ans d’expérience de la musculation. Évidemment, il faut être persévérant et poursuivre au-delà de la première séance d’entraînement si vous voulez vraiment stimuler la croissance musculaire à 100%. Avec le temps, vous choisirez sans doute de faire comme je l’ai fait, d’adopter la PPM de manière progressive ou au contraire, comme Paul James, de ne travailler qu’en utilisant exclusivement la méthode de la performance progressive. Rien ne dit non plus que je ne finisse par m’entraîner qu’avec la PPM. Pour moi, c’est une possibilité, même si je ne peux pas encore l’entrevoir pour l’instant. Mais d’ici là, prenez soin de développer votre culture physique avant le prochain article !
Mon expérience de la PPM avec Paul James est déjà en vidéo :-)
Eric Mallet
2 Commentaires
Re bonjour,
Je viens de prendre connaissance de votre article et je suis sur les mêmes impressions que vous. Pour ma part j ai réalisé ma premierere séance De ppm aux squats..inutile de vous dire que cela a été particulièrement intense mais comme c est bon de retrouver des sensations d effort sans trop de contraintes articulaires ni ligamentaires! Ayant une prothèse de hanche , j étais malheureuse de ne pouvoir m entraîner comme auparavant avec des charges dignes de ce nom car j éprouvais beaucoup de plaisir à ressentir le poids et la performance.. avec cette nouvelle approche à mon simple avis beaucoup plus intelligente et subtile je retrouve l ensemble de ce plaisir! Donc feu vert! Ce matin séances biceps, bonne congestion et bonne fatigue musculaire. Il ne me reste qu à peaufiner , je suis très perfectionniste, Et travailler!! Je pense augmenter mes poids après seulement une maîtrise maximum avec les charges de mon premier entraînement. Merci à vous tous vous êtes dans le vrai!!
Elisabeth
Juste une dernière question: j ai réalisé mes compétitions à l époque , jadis donc , en équipe de France avec René Même , qu est il devenu? Je serais si heureuse de le revoir!
Bonsoir Elisabeth,
Je suis très content que la méthode PPM de Francis Benfatto vous convienne. Pour ma part, je l’ai utilisé un moment mais je suis revenu à des entraînements plus classiques car j’avais l’impression de perdre de la masse avec cette méthode. Cela dit, je pense que la PPM sera plus ou moins adaptée à chacun. Si vous avez des questions sur la PPM, vous pouvez contacter Paul James sur Facebook, il se fera un plaisir d’y répondre. Quant à René Même, je ne sais pas du tout ce qu’il est devenu. Je ne pourrais pas vous renseigner à ce sujet. Peut-être faudrait-il contacter directement Francis Benfatto à cette adresse: fbenfatto2003@yahoo.com Il saura vous renseigner sur René Même j’imagine.
Sportivement,
Eric Mallet