12 - 02
2025
Le risque de voir les ecdystéroïdes figurer sur la liste des produits dopants s’est légèrement accru grâce à une étude animale que des chercheurs de l’université de Zhengzhou, en Chine, ont publiée dans la revue Scientific Reports. Par définition, les agents dopants n’améliorent pas seulement les performances mais ils peuvent aussi mettre la santé en danger. Et selon l’étude chinoise sur l’animal, les ecdystéroïdes pourraient effectivement présenter cet effet…
L’étude sur l’animal
Les chercheurs ont injecté quotidiennement des ecdystéroïdes à des souris pendant 2 semaines. Si les souris avaient été humaines, elles auraient reçu environ 50 milligrammes d’ecdystérone/ecdysone par jour. Honnêtement, nous ne connaissons pas l’équivalent oral de cette dose mais elle pourrait être très élevée. La biodisponibilité orale de l‘ecdystérone et d‘autres ecdystéroïdes n‘est pas très bonne. Elle est même très faible. De là, il est probable que les effets secondaires découverts par les Chinois ne se produisent pas chez les utilisateurs de compléments alimentaires.
Note EM: Cependant, il se trouve que de nombreux pratiquants de la musculation utilisent ces molécules depuis plusieurs décennies à des doses proches du gramme/jour, comme nous l’avions déjà décrit dans d’autres articles sur ce blog. Il est donc probable que des effets secondaires néfastes à la santé des utilisateurs puissent se produire, comme décrits ci-dessous. Pour ce qui n’auraient pas suivi les articles précédents, l’ecdystérone et l’ensemble des molécules de la famille des ecdystéroïdes seraient des équivalents lointains des stéroïdes androgènes humains. Ils présenteraient donc des effets anabolisants plus ou moins similaires, même si la comparaison semble un peu lointaine sur le plan physiologique et métabolique.
Résultats de l’étude sur l’ecdystérone et la santé
Les reins des souris étaient hypertrophiés après le cycle d‘ecdystérone.
Parallèlement, l’urine des animaux testés a commencé à contenir davantage de protéines d’albumine suite à l’administration d’ecdystérone. Ce phénomène, associé à l’augmentation de la taille des reins, indique des lésions rénales.
En utilisant des modèles informatiques, les chercheurs ont découvert que l’ecdystérone peut interagir avec le récepteur des minéralocorticoïdes [MR]. Le récepteur des minéralocorticoïdes est destiné aux hormones comme l’aldostérone. Note EM: L’ecdystérone interagit avec ces récepteurs du fait de sa ressemblance moléculaire avec cette hormone. L’aldostérone permet ensuite à l’organisme de retenir plus de liquide, ce qui augmente la pression artérielle. Une tension artérielle élevée peut à son tour entraîner des lésions rénales.
Les chercheurs ont ensuite exposé des cellules rénales à l’ecdystérone dans des tubes à essai. Ils ont constaté que l’ecdystérone activait le récepteur des minéralocorticoïdes pour se déplacer du cytosol vers le noyau cellulaire. Cela ne se produisait pas si les chercheurs mettaient également du spironolactone dans les tubes à essai. La spironolactone est un bloqueur des récepteurs des minéralocorticoïdes.
Conclusion des chercheurs
« L’effet anabolisant ou hypertrophique de l’ecdysone ne se limite pas aux muscles mais s’applique également aux systèmes organiques tels que le foie et les reins », écrivent les chercheurs. « Il a été démontré que l’ecdysone augmente directement la synthèse des protéines et l’hypertrophie dans divers types de cellules. Cependant, l’hypertrophie rénale peut être le prélude à une maladie rénale chronique progressive. »
« Cet effet nocif est probablement dû à une activité de type minéralocorticoïde de l’ecdysone qui est capable d’activer le récepteur minéralocorticoïde dans les cellules glomérulaires et de déclencher des changements cytopathiques, modifications qui peuvent être abolies par le bloqueur des récepteurs minéralocorticoïdes spironolactone. »
« Nos résultats suggèrent que l’utilisation de l’ecdysone, un agent anabolisant et adaptogène populaire, peut être problématique, au moins pour la santé rénale et justifie donc des précautions supplémentaires. »
Note EM: Pour résumer, les récepteurs cellulaires de l’ecdysone étant inexistants chez l’être humain, cette hormone ira se fixer sur d’autres récepteurs en produisant les effets indésirables décrits ci-dessus. Cette expérience nous rappelle surtout qu’il serait particulièrement imprudent d’avaler quelconque substance provenant des insectes (l’ecdysone est une hormone du métabolisme des arthropodes, famille dont les insectes représentent 80% des sujets) puisque nous ne connaissons que très peu les effets de ces molécules sur notre organisme. Comme vous le savez, cela ne préoccupe pas vraiment les instances supra-nationales européennes qui légifèrent dans notre dos et autorisent un certain pourcentage de farine de larve dans notre alimentation. Plus que jamais, il s’agit de se montrer très vigilant quant à la qualité de notre alimentation.
Source Ergo-log: How harmful is ecdysterone?
Source de l’article: Sci Rep. 2018 Aug 15;8(1):12225.
Traduction pour Espace Corps Esprit Forme,
Eric Mallet
2 Commentaires
Utilisateur :
« une étude a été réalisée avec de l’ecdysone sur des souris. A partir des données et conclusion de cette étude, pouvons-nous faire une analogie avec l’ecdystérone en prenant en compte ses caractéristiques différentes de l’ecdysone ? »
ChatGPT :
« ### **Analyse de l’étude sur l’ecdysone et extrapolation à l’ecdystérone**
L’étude en question a démontré que **l’ecdysone induit des lésions glomérulaires et une protéinurie chez la souris**, en activant le **récepteur des minéralocorticoïdes (MR)** et en favorisant l’hyperactivation de la voie GSK3β. Nous allons voir si ces résultats peuvent être extrapolés à l’ecdystérone en tenant compte des différences structurelles et fonctionnelles entre ces deux ecdystéroïdes.
—
### **1. Résumé des conclusions de l’étude sur l’ecdysone**
– **Effets néphrotoxiques** : L’ecdysone a provoqué **une hypertrophie glomérulaire, une expansion mésangiale, une glomérulosclérose modérée et des dommages aux podocytes**, accompagnés d’une **protéinurie significative**.
– **Mécanisme impliqué** : L’ecdysone **active le récepteur des minéralocorticoïdes (MR)**, dont l’activation excessive est connue pour favoriser les lésions rénales.
– **Voie moléculaire impactée** : Hyperactivation de la **voie GSK3β**, impliquée dans les dommages glomérulaires et la perte de protéines dans l’urine.
– **Effet inhibiteur de la spironolactone** : Un **antagoniste du MR (spironolactone)** a pu atténuer ces effets, suggérant que l’activation de MR est la cause principale des dommages.
—
### **2. Comparaison avec l’ecdystérone : Peut-on extrapoler ces effets ?**
L’ecdystérone est une version **hydroxylée en position C20 de l’ecdysone**, ce qui peut influencer ses **propriétés biologiques** et son **interaction avec les récepteurs cellulaires**. Voici comment ces différences peuvent affecter l’analogie avec l’ecdysone :
#### **(A) Interaction avec le récepteur des minéralocorticoïdes (MR)**
– L’étude **identifie MR comme la principale cible de l’ecdysone**, en raison d’une **homologie structurale avec les minéralocorticoïdes**.
– **L’ecdystérone possède également un noyau stéroïdien similaire**, mais l’ajout du groupement hydroxyle en C20 pourrait :
– Modifier son affinité pour MR (potentiellement augmenter ou réduire l’interaction).
– Modifier son profil pharmacocinétique et sa biodisponibilité.
⚠ **L’activation de MR par l’ecdystérone reste hypothétique** et nécessiterait des tests expérimentaux similaires.
#### **(B) Influence sur la voie GSK3β**
– Puisque l’activation de MR entraîne l’activation de **GSK3β**, un effet similaire pourrait être observé avec l’ecdystérone **si elle active MR**.
– Toutefois, **si l’ecdystérone a une affinité moindre pour MR**, son impact sur cette voie pourrait être **réduit par rapport à l’ecdysone**.
#### **(C) Effets anabolisants et métaboliques**
– L’ecdystérone est **connue pour avoir une activité anabolique plus forte que l’ecdysone**, ce qui peut influencer l’hypertrophie des organes (comme les reins).
– Certaines études suggèrent que **l’ecdystérone pourrait interagir avec d’autres récepteurs, comme PPAR-γ, et non pas uniquement avec MR**.
#### **(D) Métabolisme et biodisponibilité**
– L’ecdystérone est **plus hydrosoluble que l’ecdysone**, ce qui pourrait influencer sa distribution dans l’organisme et **réduire son interaction avec MR**.
– L’ecdystérone est souvent considérée comme **plus stable**, donc elle pourrait être plus susceptible d’atteindre les reins en concentration active.
—
### **3. Conclusion et recommandations**
| Facteur | Ecdysone | Ecdystérone |
|———|———|————-|
| **Affinité pour MR** | Confirmée (étude sur souris) | Probable mais non démontrée |
| **Activation de GSK3β** | Forte | Potentiellement plus faible |
| **Effets rénaux néfastes** | Protéinurie, lésions glomérulaires | Possible mais non prouvé |
| **Effets anabolisants** | Modérés | Plus puissants |
| **Biodisponibilité** | Moyenne | Plus élevée |
**Extrapolation prudente :**
– **Si l’ecdystérone active MR** comme l’ecdysone, alors elle pourrait avoir **des effets rénaux similaires, voire plus forts** si sa biodisponibilité est plus élevée.
– Si elle interagit **moins fortement avec MR**, ses effets néphrotoxiques pourraient être **moindres ou inexistants**.
– Son activité anabolique plus marquée pourrait compenser ou accentuer certains effets sur les reins.
** Prochaine étape :** Tester l’ecdystérone dans un protocole similaire (études sur souris et cultures cellulaires) pour confirmer ou infirmer son potentiel néphrotoxique. »
Je n’ai pas trouvé rapidement d’étude spécifique sur les effets nephrologiques de l’ecdystérone. Nous restons donc dans une analyse incomplète où l’on est obligé de supputer par analogie sur les effets négatifs de l’ecdystérone extraite de la plante Cyanotis Arachnoidea et vendue en complément alimentaire par voie orale pour les humains.
Qu’en pensez-vous ?
Bonjour,
Disons que la différence entre les deux molécules est particulièrement mince (ecdysone = α-ecdysone) (bêta)-ecdystérone (β-ecdysone) sur le plan moléculaire. IL est donc très probable que les effets soient les mêmes mais sans certitude absolue: https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0016648078900485
La plupart des sites et fabricants ne font même pas la différence entre les deux. Toujours est-il que la question de la dose utilisée reste posée. Étant donné que la biodisponibilité est faible, plus de 1000 mg est souvent consommée dans le domaine sportif. Il faut aussi noter qu’une étude de 2012 affirme exactement l’inverse. Selon cette étude, l’ecdystérone réduirait la fibrose rénale en atténuant le TGF-β1. Il s’agit cependant d’une étude sur des cellules en culture: https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S105687271200219X?via%3Dihub Finalement, nous n’avons pas de réponse définitive mais j’estime que les éléments de preuve que nous avons déjà devraient nous inciter à la prudence. D’autres études devront déterminer le modus operandi et les conséquences sur la santé quant à ces ecdystéroïdes.
A mon sens, il existe bien d’autres molécules naturelles favorisant l’anabolisme (dont l’acide ursolique par exemple) et qui ne prêtent pas à l’équivoque quant à leurs effets: https://www.espacecorps-espritforme.fr/nouvelles-donnees-scientifiques-sur-lacide-ursolique/15788
N’hésitez pas à jeter un œil sur les 978 autres articles en ligne, vous en retirerez certainement de nombreuses informations intéressantes !
Merci pour votre question,
Eric Mallet