Le sulforaphane, un anti-catabolique naturel

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Broccoli, source d'antioxydants et de sulforaphaneSi vous vous entraînez à la limite de l’épuisement vous pourriez bénéficier de la prise d’un supplément contenant du sulforaphane. C’est un nutriment qui se retrouve naturellement dans les légumes crucifères. Selon une étude animale publiée par des biochimistes à l’Alma Mater Studiorum Università di Bologna dans le Journal of Applied Physiology, le sulforaphane protège les cellules musculaires pendant les exercices d’intensité extrême.

Ok, le sulforaphane à proprement parler n’est pas retrouvé dans le chou frais. Les légumes comme les radis, les choux, le brocoli et les choux-fleurs contiennent en réalité des glucosinolates nommés glucoraphanine. Mais si vous faites cuire le chou, que vous le découpez et le mâchez – et que vous attendez que les micro-organismes de l’intestin les digèrent – les glucoraphanines seront modifiés en sulforaphane.

Sulforaphane un anticatabolique naturel

La glucoraphanine et le sulforaphane

Les résultats de tests et d’études in vitro suggèrent que le sulforaphane est une substance très intéressante pour les athlètes. Il stimule le développement des cellules souches en cellules musculaires et – un autre avantage pour les athlètes de force – désactive la myostatine qui inhibe l’hyperplasie musculaire.

Le sulforaphane est un antioxydant protecteur reconnu contre les risques de cancer

La plupart des nutritionnistes considèrent que le sulforaphane est une substance qui stimule l’activité des antioxydants endogènes. Les épidémiologistes estiment que le sulforaphane est en partie lié à la raison pour laquelle les gens qui mangent beaucoup de choux, de brocoli et autres légumes apparentés présentent des probabilités réduites de développer un cancer par rapport aux personnes qui ne mangent jamais de légumes du genre Brassica.

Un régime alimentaire riche en légumes apparenté au chou élimine les composés agressifs. Il empêcherait donc les cellules saines de se transformer en cellules cancéreuses. L’étude italienne dont cette article fait part est sur le point de prendre le même point de vue que les études épidémiologiques.

Une étude sur le sulforaphane et l’activité physique réalisée sur des animaux de laboratoire

Les chercheurs ont donné à des rats une quantité quotidienne de 25 mg par kilo de poids corporel de sulforaphane pendant 3 jours. Ils l’injectait directement dans l’intestin des rats. Un groupe témoin n’a reçu aucune substance active. Après 3 jours de supplémentation, les chercheurs se sont servis de la moitié des rats du groupe témoin et de la moitié des rats du groupe sulforaphane pour les faire courir jusqu’à l‘épuisement. Puis les Italiens ont étudié les muscles des rats et leur sang.

Il y avait donc quatre groupes d’animaux de laboratoire au total: le groupe C qui ne courait pas et qui n’a pas eu de sulforaphane. Puis le groupe E qui a couru et n’a pas eu de sulforaphane. Le groupe S qui n’a pas couru mais a qui ont a donné du sulforaphane, le groupe ES qui a couru et a qui on a donné du sulforaphane.

Les taux de créatine kinase, LDH et de malondialdéhyde étaient en baisse chez des rats supplémentés

Les tableaux ci-dessous montrent un taux moins élevé de créatine kinase et de LDH dans le sang des rats qui avaient couru sur le tapis roulant quand ils avaient reçu le sulforaphane. C’est un signe de dommages moindre des muscles. Les chercheurs ont constaté un taux moins élevé de malondialdéhyde (un indicateur des dommages causés par les radicaux libres) avec une activité antioxydante plus élevée dans les muscles du groupe ES que dans le groupe E. En outre, les chercheurs ont trouvé des niveaux plus élevés d’enzymes antioxydantes du glutathion-S-transférase et de la glutathion-réductase dans les muscles du groupe ES que chez ceux du groupe E.

Sulforaphane, un anticatabolique et antioxydant naturel

Si ces effets se produisent aussi chez l’être humain, alors la supplémentation en sulforaphane est une perspective intéressante pour les athlètes. Le sulforaphane pourrait accélérer la récupération musculaire ou permettre des entraînements plus intensifs. Cependant, un des problèmes majeurs concerne la posologie. L’équivalent humain de la dose utilisée dans l’expérience est extrême: 200-400 mg par jour.

« D’autres études sont nécessaires pour déterminer si l’administration par voie orale du sulforaphane sous forme de suppléments alimentaires est également en mesure d’exercer les mêmes effets protecteurs» écrivent les Italiens. « Nous sommes en train d’évaluer cette possibilité, en prenant un modèle de rat, grâce à l’administration de sulforaphane alimentaire enrichi en extrait. »

Source de l’article: Sulphorafane, a natural anticatabolic

Source Ergo-LogJ Appl Physiol. 2009 Oct;107(4):1028-36.

Le brocoli est un légume santé par excellence

Image Mary MacGuire Pexels.com

Note EM: En effet, si les conclusions de l’étude se confirment in vivo chez l’homme et que vous comptez prendre du sulforaphane pour encourager l’hypertrophie – voire l’hyperplasie – et la réduction de myostatine, il va falloir vous doter d’un budget élevé. L’antioxydant en question est disponible parmi plusieurs marques de compléments alimentaires mais la teneur la plus élevée en sulforaphane disponible par capsule est de 30 mg seulement. Admettons que vous preniez une boîte de BroccoMax de 60 capsules, cela voudrait dire que vous prendrez au moins 6 capsules ou 180 mg de sulforaphane par jour pour atteindre la moyenne basse recommandée par les études cliniques.

Dans ce cas, une boîte fait 10 jours, soit la nécessité de prendre 3 boites à 18,87$. On en arrive à 56,61$ par mois, soit 43€, ce qui commence à faire un budget, même pour un antioxydant à fort potentiel. Ensuite, le dosage est à moduler suivant votre poids de corps mais à moins d’avoir quelques coupons de réductions auprès des distributeurs américains ou européens, ça commence à faire un peu cher. En outre, si l’influence sur l’hyperplasie est vérifiable, il faudrait poursuivre l’expérience sur au moins trois mois, sinon six pour constater (de visu) s’il existe un effet ou pas. Et si cela est constatable, ce qui reste assez hypothétique.

Quoi qu’il en soit, si l’effet est visible, l’investissement est sans doute acceptable du fait du potentiel santé exceptionnel de cet antioxydant et de l’absence constatée d’effets secondaires, même à 400 mg par jour. Cependant, rien ne nous dit que l’effet constaté durant l’étude sera reproduit pour chaque cas personnel. C’est pourtant ce que certaines marques douteuses essaient de vous faire croire lorsqu’ils nous sortent un nouveau produit miracle.

Dans tous les cas, n’oubliez pas de développer votre culture physique !

Eric Mallet

A propos de l'auteur

Passionné et pratiquant de la musculation depuis près de 28 ans, je me suis toujours intéressé au développement des ergogènes et de la nutrition sportive. Diplômé des universités Lille 3 et Paris 7, je travaille actuellement sur la rédaction de plusieurs ouvrages dont la sublimation par la culture physique et la musculation sur le plan psychanalytique. Consultant dans le domaine des compléments alimentaires, j'accompagne les entreprises dans le développement de leur stratégie de vente et de communication en matière de nutrition sportive. Espace Corps Esprit Forme est à considérer comme un blog de vulgarisation scientifique, destiné à aider les athlètes tout en leurs donnant des informations scientifiques utiles à leur pratique des sports de force.

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