29 - 06
2019
Même si cela ne vous fera pas perdre un gramme de graisse corporelle, un régime pauvre en glucides pourrait améliorer votre santé si celle-ci s’avère compromise par une alimentation désastreuse. Et c’est précisément la conclusion d’une petite étude expérimentale que des chercheurs américains, dirigés par Jeff Volek, ont publiée dans JCI Insight.
L’étude réalisée avec un régime pauvre en glucides
Les chercheurs ont réalisé une expérience avec 16 sujets obèses, tous atteints du syndrome métabolique. Le syndrome métabolique est une série d’effets négatifs sur la santé associés à l’embonpoint et à un mode de vie occidental dégradé. Il concerne par exemple la détérioration de l’équilibre du cholestérol et d’une sensibilité réduite à l’insuline.
Pendant 4 semaines, les chercheurs ont donné à leurs sujets un régime alimentaire composé de 57 % d’énergie en glucides [HC]. À deux autres occasions, les sujets ont pris pendant 4 semaines, une alimentation dont l’énergie provenait respectivement de 32% [MC] ou de 6 % [LC] des glucides. La quantité totale d’énergie des trois types d’alimentation était la même, tout comme la quantité des protéines. La quantité d’énergie était juste suffisante pour maintenir les sujets de l’expérience au même poids de corps.
Les chercheurs ont été financés par l’industrie laitière américaine et hollandaise.
Résultats de l’expérience
Bien que les sujets ne soient pas devenus plus minces s’ils mangeaient moins de glucides, leurs paramètres santé s’étaient améliorés. Après 4 semaines de régime alimentaire à faible teneur en glucides, 9 des 16 personnes testées n’étaient plus affectées par le syndrome métabolique.
La diminution de la quantité de glucides dans l’alimentation a augmenté le taux de cholestérol HDL et réduit la concentration de glucose et de triglycérides dans le sang.
Le régime pauvre en glucides contenait pourtant 2,5 fois plus de graisses saturées que le régime riche en glucides. Théoriquement, si vous exposez vos cellules à de fortes concentrations de graisses saturées, le risque de développer le syndrome métabolique, le diabète et/ou l’infarctus du myocarde augmentent.* Pourtant, le régime pauvre en glucides a réduit la concentration d’acides gras saturés dans le sang. PL SFA = Graisses saturées (phospholipides) TG SFA = Graisses saturées (triglycérides).
Le régime pauvre en glucides a également modifié le métabolisme des acides gras {Note EM: Au niveau de la synthèse hépatique des graisses à partir du glucose}. Il a permis de métaboliser l’acide linoléique en acide arachidonique de manière plus équilibrée.
Conclusion
« En résumé, nos résultats montrent que le syndrome métabolique peut être rapidement inversé (en 4 semaines) par un régime pauvre en glucides chez la majorité des participants obèses, même lorsque l’une des principales caractéristiques du syndrome, l’augmentation du tour de taille ou de l’adiposité, est exclue de l’équation », écrivent les chercheurs. « Ainsi, ces résultats sous-estiment probablement les véritables bienfaits d’un régime pauvre en glucides qui sont généralement associés à une perte de poids lorsque l’alimentation est suffisante. » {Note EM: Ce qui explique aussi pourquoi les régimes cétogènes ou hyperprotéinés sont efficaces dans une certaine mesure pour perdre du poids, et de la graisse corporelle en particulier.}
« Bien que nos résultats prolongent un nombre croissant de recherches explorant les régimes à faible teneur en glucides sur le syndrome métabolique, on ne sait toujours pas si les améliorations de la composante spécifique du syndrome métabolique observée ici se traduisent par une diminution des résultats cardio-métaboliques. »
« Sur la base de ces résultats, tout essai clinique alimentaire à long terme avec des sujets atteints du syndrome métabolique sur la base de cas particulièrement difficiles devrait inclure des régimes pauvres en glucides. »
Source de l’article: Even if a low carbohydrate diet does not make you slimmer, it still makes you healthier
Source Ergo-log: JCI Insight. 2019 Jun 20;4(12). pii: 128308.
* : « There has been considerable interest and debate on the role of dietary SFA (Acides Gras Saturés) on health, with several recent reports suggesting that it is not associated with CVD or total mortality (29, 30). However, people with higher levels of circulating even-chain SFAs (particularly palmitate, 16:0) have increased risk of developing MetS (18), diabetes (31–33), CVD (32), heart failure (34), and mortality (15). »
Note EM: Pour rappel – comme si cela était encore nécessaire – cette étude, comme n’importe quelle autre étude scientifique, n’a de valeur que dans son contexte. Notez également que le fait que l’expérience ait été financée par l’industrie laitière américaine et hollandaise ne présume pas systématiquement d’une malversation ou d’une volonté de biaiser et/ou de prouver ce que vous avez envie d’entendre en lieu et place des résultats objectifs de l’expérience. Autrement dit, nous savons que de réduire la part des glucides tout en gardant le même quota calorique ne vous fera pas de perdre du poids. Cela pouvait peut-être paraitre évident mais il fallait, comme n’importe quelle évidence, le prouver. Cela dit, ce genre de détail se révèle particulièrement éclairant sur le travail du métabolisme par rapport aux substrats énergétiques, qu’il s’agisse des protéines, des glucides ou des acides gras. Notez également que le régime pauvre en glucides présente quant à lui, un taux d’acides gras mono-insaturés significativement plus élevé que pour les deux autres régimes alimentaires – malgré un taux de graisses saturés plus élevé. Là aussi, il s’agit d’un autre « détail » à prendre en compte. En effet, nous connaissons l’influence des acides gras mono-insaturés sur la santé (sensibilité à l’insuline augmentée, baisse du stress oxydatif et du taux de triglycérides). Pensez à l’huile d’olive par exemple…
Rappelez-vous que le problème du syndrome métabolique ne vient pas des glucides mais de la gestion des glucides. En l’espèce, il s’agit comme vous le savez, d’un problème de gestion chaotique des macros (généralement glucides + graisses en excès) qui vous amène au diabète ou qui font de vous un pré-diabétique et/ou un bon candidat aux maladies cardiovasculaires. Ici, la baisse des glucides chez des obèses dont la santé est déjà problématique s’avère tout à fait éclairant par rapport au sujet que nous venons d’évoquer. En réduisant drastiquement la source du problème (ici, les glucides qui ne sont pas être gérés correctement par l’organisme), on élimine le problème à sa base. L’expérience prouve alors que la dégradation de la santé (SM), et notamment le diabète de type 2, sont maitrisables par une gestion pointue des macronutriments, comme cela a déjà été prouvé sur le plan clinique.
Inutile de dire ici combien il est difficile de se passer des glucides en période de restriction calorique pour un sujet sain, qu’il s’agisse de définition musculaire ou de perte de poids. Comme cette étude le montre très bien, et même si elle se base sur un nombre restreint de sujets, elle prouve que la perte de poids doit d’abord dépendre d’une baisse progressive des apports caloriques et que les considérations relatives à l’équilibre des macros viendra ensuite, notamment à préserver la masse musculaire à partir d’un apport suffisant en protéines. Ces considérations deviennent, comme vous le savez, encore plus difficiles à considérer dans le cadre du bodybuilding lorsqu’il s’agit de garder un maximum de muscles tout en réduisant les derniers pourcentages de graisse corporelle.
Eric Mallet
2 Commentaires
Je demande à voir si le même résultat se produit avec des individus sains dont le corps gère mieux l’utilisation des glucides, plutôt que sur des individus obèses dont la gestion de la glycémie peut être défaillante.
> Non car il ne s’agit pas de l’objet de la recherche. Il n’est donc pas possible de répondre à ta question mais de très larges variabilités dans l’équilibre des macro sont possibles (cétogène, hyperprotéiné, hyperglucidique…) et ont fait l’objet d’autres études.
Sportivement,
Eric