Une étude montre les effets de 6 mois de testostérone énanthate et d’hormone de croissance

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Représentation de l'hormone de croissance somatropineEn 2002, les résultats d’une étude ont été publiés dans le JAMA (Journal of American Medical Association). Celle-ci a mis fin aux rêves des médecins de maintenir la vitalité des personnes âgées à partir d’une thérapie basée sur la testostérone et l‘hormone de croissance. «Les hormones de croissance ne sont pas encore prêtes pour une utilisation de masse», en a conclu le premier auteur, Marc Blackman, membre des Instituts nationaux de la Santé Publique de l’époque. Profitant d’un samedi après-midi ensoleillé, nous avons décidé de relire l’étude de Blackman. De fait, vous pourrez décider par vous-même si vous êtes d’accord avec lui.

Une étude sur les effets produits par la prise de testostérone et de Hgh pendant 6 mois est réalisée

Blackman a donc donné des hormones à 130 hommes américains en bonne santé et à des femmes âgées entre 65 et 88 ans. Dans cet article, nous nous concentrerons sur les hommes et laisserons les femmes de côté. Le sujet intéresse sans doute plus les hommes car il s’agit de substances généralement détournées par les athlètes et les culturistes à l’opposé des hormones données aux femmes, qui intéresseront un public sans doute moindre.

Les hommes du groupe placebo n’ont rien pris. Un deuxième groupe d’hommes a obtenu une injection de 100 mg de testostérone 2 fois par semaine. Les chercheurs ont utilisé Delatestryl, produit par Bio-Technology General. Un troisième groupe d’hommes s’est injecté de l’hormone de croissance préparée par Genentech Nutropin, 3 fois par semaine. La dose initiale était de 30 mcg/kg de poids corporel. Le poids moyen des hommes était de 72 kg, donc ils ont pris 7,4 IU/jour.

Généralement, les amateurs de thérapies « anti-âge » utilisent jusqu’à 4 IU de somatropine par jour. Certaines rumeurs provenant du monde des athlètes sous substances dopantes parlent de 24 IU de Hgh par jour, mais les protocoles les plus usuels seraient de 8 IU par jour. Les chercheurs ont réduit la dose à mi-chemin de l’expérience à 20 mcg/kg/injection parce que trop de sujets de test souffraient d’effets secondaires. Les hommes n’ont pratiqué aucun entraînement sportif.

Commençons par les petites améliorations rapportées par les chercheurs. La composition du corps des sujets s’est améliorée. Le groupe qui avait utilisé l’hormone de croissance et la testostérone a montré le plus d’améliorations. Ce groupe a perdu 4 kg de graisse et a gagné 4 kg de masse musculaire.

Résultat d'une prise de testostérone et d'hormone de croissance

Les chercheurs ont évalué la force musculaire des hommes en mesurant leur puissance maximale sur six exercices: développé couché, rowing, biceps curl Larry Scott, extension des triceps, presse à cuisses et leg curl. Le tableau ci-dessous montre l’effet sur la force du corps en kg. L’effet est décevant si vous regardez les changements de composition corporelle. Cela n’est pas si étrange: dans de nombreux essais où les sujets avaient pris des stéroïdes mais qui ne s’entraînent pas, la performance s’améliore à peine.

Modification de la force musculaire après une prise de testostérone et d'hormone de croissance

Même chose pour la prise maximale d’oxygène. Le VO2 Max s’est amélioré du fait des hormones, en particulier pour l’association testostérone/Hgh, mais les effets sont décevants.

Modification du Vo2 Max après une prise de testostérone et d'hormone de croissance

Nous en arrivons aux effets secondaires. Le groupe de l’hormone de croissance, testostérone et Hgh plus testostérone signalent des œdèmes, de la gynécomastie et des douleurs articulaires. Un problème plus important s’est posé, celui du syndrome du canal carpien [perte de force dans les mains causée par restriction des voies nerveuses]. Un tiers des utilisateurs de testostérone et d’hormone de croissance souffrait de cette pathologie.

Effets secondaires liés à la prise de testostérone et d'hormone de croissance

Les effets secondaires qui inquiétaient le plus les chercheurs sont indiqués sur le tableau ci-dessous. La résistance à l’insuline a augmenté du fait de l’utilisation de l’hormone de croissance. Certains hommes sont mêmes devenus diabétiques durant l’expérience.

Effets secondaires diabète et résistance à l'insuline liés à la prise de testostérone et de somatropine

« Nos découvertes suggèrent qu’une supplémentation en hormone de croissance et de stéroïdes pourrait produire des effets positifs potentiels sur la composition corporelle et de manière probable, une amélioration de la force musculaire et de l’endurance cardiovasculaire chez l’homme » en concluent les chercheurs. « Les effets bénéfiques de l’hormone de croissance semblent être augmentés par la co-administration de testostérone. »

Quoi qu’il en soit, les chercheurs mettent en garde les personnes âgées qui prendraient de l’Hgh. « Cependant, à ce stade, les thérapies à base d’hormone de croissance chez les individus les plus âgés devraient être confinées à des études scientifiques contrôlées. »

Source de l’article: Study shows effect of 6 months on testosterone enanthate and growth hormone

Source Ergo-log: JAMA. 2002 Nov 13; 288(18): 2282-92.

Traduction pour Espace Corps Esprit Forme,

Eric Mallet

A propos de l'auteur

Passionné et pratiquant de la musculation depuis près de 28 ans, je me suis toujours intéressé au développement des ergogènes et de la nutrition sportive. Diplômé des universités Lille 3 et Paris 7, je travaille actuellement sur la rédaction de plusieurs ouvrages dont la sublimation par la culture physique et la musculation sur le plan psychanalytique. Consultant dans le domaine des compléments alimentaires, j'accompagne les entreprises dans le développement de leur stratégie de vente et de communication en matière de nutrition sportive. Espace Corps Esprit Forme est à considérer comme un blog de vulgarisation scientifique, destiné à aider les athlètes tout en leurs donnant des informations scientifiques utiles à leur pratique des sports de force.

4 Commentaires

  1. baudot eric -  19 décembre 2016 - 13 h 15 min

    Etude tres mal ficelée
    la dose de Testosterone est le double de celle utilisée par les medecins anti age(100mg/semaine en 2 injections est la norme)
    il est obligatoire de gérer son oestradiol par des anti aromatase pour maintenir un taux entre 20pg at 25pg
    Pour la GH;doses trop élevé et son utilisation n’est pas un must pour l’anti aging. Plus d’effets indésirables que d’avantages

    • Eric -  26 décembre 2016 - 10 h 35 min

      Bonjour Eric,

      Merci pour votre commentaire.

      Cependant, il m’est difficile de critiquer les dosages utilisés au cours de l’expérience, j’ai déjà beaucoup de mal avec ce genre de sujet, même si ça fait, malheureusement, partie du sport. Je me doute bien que d’inclure des anti-aromatases aurait pu modifier les paramètres de l’expérience mais dans ce cas présent, ils n’ont pas été inclus dans le protocole. Ma vision des choses est toujours de dire qu’entre les expériences cliniques et les « expériences » douteuses pratiqués par les « sportifs », il n’existe pas vraiment de point commun sur lequel il est possible de trouver un consensus. D’un côté, les expériences cliniques vont cibler un type de produit pour en distinguer et analyser les effets et de l’autre, on a des sportifs qui utilisent des dosages beaucoup plus élevés tout en croyant qu’ils maitrisent l’ensemble des paramètres (anti-aromatase, PCT…) alors que c’est souvent loin d’être le cas en réalité. Dans la cadre de l’anti-aging, le sujet est encore plus complexe et je ne vois pas comment je pourrais apporter une critique sur le sujet. Dans ces conditions, vous verrez peu d’études de ce genre sur mon blog, vouloir alarmer des personnes qui manipulent leur corps de cette manière est souvent voué à l’échec alors que la prévention n’est pas toujours très efficace. Dans ce cadre, les études traduites sont données à titre d’information (comme d’autres sujets) mais sans aller plus loin que ce qui a été réalisé par les chercheurs.

      Merci.
      Sportivement,
      Eric Mallet

      https://www.espacecorps-espritforme.fr/
  2. Mathieu -  23 novembre 2022 - 13 h 29 min

    Une étude sur 130 personnes ont elles ont un vrai régime alimentaire respectable avaient-ils des prédispositions à la gynécomasties ou autres vraiment pas convaincu de plus en plus d études avec des résultats flous c est pas pas normal

    • Eric -  25 novembre 2022 - 15 h 50 min

      Bonjour Mathieu,

      Une étude scientifique, et notamment sur ce sujet, ne se résume pas au nombre de participants. L’idée qu’il faudrait qu’une étude regroupe 5 ou 10000 sujets pour être significative n’est effectivement qu’une idée mais en l’espèce, elle ne correspond pas à l’objectif visé dans cette étude. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une étude épidémiologique. Le protocole de l’étude aura ici d’ailleurs bien plus d’importance que de savoir si 130 ou 500 personnes ont participé à l’étude. J’ai relu l’étude sur le JAMA et je n’y vois pas à redire quant à sa pertinence scientifique. D’autre part, la question de la gynécomastie ou « autres » ne fait pas partie du sujet de l’étude a priori. Je vous invite donc à lire l’étude originale sur le JAMA à cette adresse: https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/1108358

      Sportivement,
      Eric Mallet

      https://www.espacecorps-espritforme.fr/

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