Carbone 60, une révolution pour la santé, un coup de chance ou une fausse promesse ?

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Carbone 60A vrai dire, nous savons parfaitement définir ce qu’est un complément alimentaire et le différencier d’un aliment ou d’un médicament mais qu’en est-il et que peut-on en dire lorsqu’il ne s’agit ni de l’un ni de l’autre ? En effet, ce que nous appelons aujourd’hui Carbone 60 est une molécule de carbone découverte récemment en 1985 par trois chercheurs, Harold Kroto, Richard Smalley et Robert Curl. Ils furent récompensés par le Prix Nobel de Chimie en 1996. Alors pourquoi traiter ici d’une simple molécule de carbone ?

Tout simplement parce que ses propriétés sont particulièrement étonnantes, à voir le nombre impressionnant d’applications probables à mettre au crédit du Carbone 60, dans l’industrie mais aussi dans le domaine de la santé si la recherche scientifique démontre l’absence d’effets secondaires liés à cette molécule. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas…

Le Carbone 60, troisième forme moléculaire naturelle du carbone

Plus exactement, le Carbone 60 représente la troisième forme moléculaire de carbone composée à partir de la particule élémentaire du carbone lui-même, après le graphite et le diamant. C’est ce que l’on appelle un allotrope, une molécule composée d’atomes identiques à une autre molécule mais dont la configuration moléculaire est différente. Le Carbone 60 fait partie d’une famille appelée fullerène, il fut le premier à être découvert. Il existe d’autres fullerène plus complexes (C70, C72, C84, C100…) ou plus simples (C20) mais le C60 est le plus courant de cette famille moléculaire du carbone. Parlant avec la langue des mathématiques, un fullerène présente la structure d’un polyèdre convexe trivalent avec des faces pentagonales et hexagonales (voir structure ci-dessus). Chaque atome de carbone est lié à l’autre par une liaison covalente (souvenez-vous de vos cours de chimie !).

Carbone 60 fullérène

Sa structure est équivalente à celle d’un dôme géodésique ou plus simplement, celle d’un ballon de football. Encore une fois, c’est le foot qui nous as sauvé (!). Plus sérieusement, le carbone 60 est aussi nommé le « buckminsterfullerène », en hommage à Buckminster Fuller, concepteur du dôme géodésique et qui aurait eu l’intuition de l’existence de ce type de configuration moléculaire pour le carbone, bien avant sa découverte scientifique officielle. Toujours est-il que l’existence du Carbone 60 aurait été prédite par un japonais du nom d’Ejii Osawa professeur à l’université technique de Toyohashi en 1970. Les journaux japonais en avait parlé mais à défaut de publications scientifiques officielles, l’Europe et l’Amérique du Nord ne prirent pas connaissance de son hypothèse, laquelle se révéla exacte 15 ans plus tard. A l’heure d’aujourd’hui, environ 1400 à 1500 articles ont été publiés sur les fullerènes et le Carbone 60.

Les premières expériences menées sur le Carbone 60 ne présentaient aucun rapport direct avec la nutrition humaine

C’est en effet dans les années 1980 qu’une équipe de scientifiques menée par Harold Kroto aboutira à la première génération de molécules de Carbone 60, motivé par le fait que des incertitudes sur la formation du carbone dans l’espace interstellaire (là où on aimerait parfois y envoyer les femmes) demeurait encore. Ils se servirent alors d’un disque de graphite qu’ils allaient perforer avec un laser pour mettre en évidence la formation d’unités moléculaires stables de Carbone 60 et 70. Pour en terminer sur la structure des fullerènes, disons que la taille des particules est proche du nanomètre (1,1 nanomètre). C’est peut-être un détail mais c’est surtout ce genre de détail qui m’interpelle particulièrement puisqu’au plus une molécule est petite et active, au plus elle passera facilement les barrières de protection naturelle de notre organisme. Les fullerènes sont également très peu solubles dans l’eau (1,3 × 10−11 mg/mL) mais au contraire, ils sont solubles dans les graisses. Nous avons également retrouvé du Carbone 60 et 70 dans une roche, la shungite. Un gisement de shungite est présent en Russie, au nord de Saint Petersbourg. Le nom de shungite est originaire du nom d’un village proche des lieux d’extraction de la roche: Shun’ga. Pour l’anecdote, les russes attribuent des propriétés curatives aux eaux qui circulent à travers les pierres de shungite depuis plus de 300 ans. La recherche scientifique confirmera que la shungite est dotée d’une activité antibactérienne. Actuellement, les fullerènes sont très présents dans les domaines de la nanotechnologie, de la pharmacie, de l’électronique, de la photovoltaïque et des cosmétiques. Mais alors, quel est le lien avec la nutrition et le buzz énorme que génère en ce moment le Carbone 60 sur la longévité aux USA ?

Carbone 60 et longévité, une expérience très étonnante réalisée sur des rongeurs

Carbone 60 longévitéNaturellement, nous pourrions tout à fait nous interroger sur les risques de toxicité des fullerènes sur l’être humain. Des expériences ont donc été réalisées à ce sujet, au moins depuis 1993. Les expériences réalisées, non pas sur l’être humain mais sur des rongeurs qui, rappelons-le à nouveau pour ceux qui ne l’aurait pas encore compris, c’est que le rat présente au grand minimum une similitude génétique de 95% avec l’être humain, mais plus souvent 98%. C’est aussi la raison évidente pour laquelle les rongeurs constitue l’animal de test le plus significatif, hormis le porc. Toujours est-il que l’article de Tarek Baati et de ses collègues publié début 2012 avait pour titre « The prolongation of the lifespan of rats by repeated oral administration of [60] fullerene« , nous laissant présager que la toxicité du Carbone 60 sur l’animal n’était pas vraiment celle que l’on attendait au départ. A l’opposé, les animaux traités avec du Carbone 60 dilué dans de l’huile d’olive présentaient une activité Redox entre 10 à 13 fois supérieure à celle du groupe témoin. Toujours est-il qu’il nous faut rester particulièrement prudent et se demander si cette expérience est reproductible et si elle donnera des résultats similaires.

L’article de Baati commence d’ailleurs sur un ton assez positif et avec force références scientifiques à l’appui (je traduis): « Depuis 1993, d’innombrables études ont montré que le fullerène (C60) et ses dérivés présentent des potentialités primordiales dans plusieurs domaines de la biologie et la médecine, principalement sur le clivage spécifique de l’ADN, l’imagerie, les UV et la radioprotection, en tant qu’antiviral, antioxydant et pour ses activités anti-amyloïdes, sur l’inhibition de la réponse allergique et de l’angiogenèse, sur ses effets immunostimulants et antitumoraux, sur le renforcement de l’effet d’excroissance des neurites, sur le transfert génétique et même sur la pousse des cheveux. Cependant, bien que plusieurs groupes de recherche indépendants aient confirmé l’innocuité du C60 vierge, la toxicité de ce fullerène fait toujours l’objet d’un débat. Comme cela a été démontré récemment, ceci est principalement dû à un manque de caractérisation des matériaux testés. Néanmoins, le cheminement métabolique et les effets chroniques in vivo du C60 lui-même restent encore inconnus. Afin de réaliser le potentiel du C60 et de ses dérivés dans le domaine biomédical, ces questions doivent être abordées. (…)« . Au cours de cette expérience, des rats empoisonnés au tétrachlorure de carbone ont été effectivement protégés par le Carbone 60 au niveau hépatique, présentant une longévité presque doublée par rapport au groupe témoin. Évitons cependant de crier au miracle car il s’agit somme toute, d’une expérience sur l’animal particulièrement critiquable, notamment sur le plan méthodologique. Interrogé sur ce sujet, Aubrey de Grey avait d’ailleurs souligné les biais de méthodologie liés à cette expérience sur l’animal.

L’absence de toxicité du Carbone 60 aurait été démontrée par une étude scientifique mais…

Autrement dit, l’absence de toxicité du Carbone 60 aurait peut-être été démontrée, même si nous ne possédons pas de données précises sur les effets chroniques et à long terme. C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve précisément dans l’abstract de l’article (je traduis): « Cependant, alors que plusieurs groupes de recherche indépendants ont montré que le C60 ne présente pas de toxicité aiguë ou subaiguë dans divers modèles expérimentaux, plus de 25 ans après sa découverte, le devenir in vivo et les effets chroniques de ce fullerène restent inconnus.(…)« . Ajoutons que cette expérience aurait démontré un effet particulièrement surprenant sur la longévité des rongeurs exposés à du Carbone 60 dilué dans de l’huile d’olive, en comparaison à un groupe témoin et un groupe où l’on avait administré de l’huile d’olive aux animaux (voir tableau ci-dessus). A priori, nous pourrions donc penser que les fullerènes et le Carbone 60 en particulier, ne présentent pas de nocivité sur l’être humain. Cependant, cela demande encore a être démontré de manière plus solide par de nouvelle études cliniques.

Le Carbone 60 se distinguerait par sa capacité antioxydante remarquable et sa facilité de pénétration cellulaire

Selon certains articles, il serait probable que le Carbone 60 présente peut-être de multiples avantages sur la santé, en particulier grâce à ses propriétés antioxydantes exceptionnelles et à son pouvoir de pénétration dû à sa taille. Disons que c’est peut-être un avantage sur la grande majorité des antioxydants mais c’est aussi pour moi une source d’inquiétude. Sachant que le Carbone 60 passe aisément la barrière hématoencéphalique ainsi que les membranes cellulaires avec la plus grande facilité, il y a tout lieu de s’en méfier. C’est d’autant plus vrai que nous ne connaissons pas encore précisément le mode d’action du Carbone 60 au niveau intracellulaire, ni ses conséquences au niveau de l’ADN qu’il atteint d’ailleurs sans aucune difficulté. Une étude a pointé du doigt une éventuelle toxicité du Carbone 60 mais il s’agissait d’une simulation générée par informatique n’ayant que très peu de rapport avec la réalité biologique. Ce genre de simulation numérique ne serait que très difficilement transposable à l’être humain, tout en étant moins crédible qu’un modèle animal tel que les rongeurs, avec qui nous partageons presque la totalité de notre patrimoine génétique comme je l’avais déjà rappelé.

Qu'est-ce que le carbone 60 ?

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Nous commençons seulement à comprendre comment il agit sur nos mitochondries mais son influence probable sur notre génétique reste encore partiellement incomprise. A mon sens, c’est à ce niveau que le problème se pose, d’un point de vue génétique et épigénétique. Sur ce sujet, nous n’avons que très peu de données vérifiables, aucune au niveau épigénétique. Cela n’a pourtant pas empêché les américains de créer un commerce florissant sur cette molécule, en commercialisant diverses huiles d’olive ou d’huiles de coco fragmentée avec du Carbone 60. Certains américains en consomment depuis des années avec, selon leurs dires, de nombreux bénéfices sur leur santé. Cependant, ces avantages santé n’ont pas été étudiés de manière extensive par la recherche scientifique au point que l’on puisse affirmer de son innocuité. Et dans le cas du Carbone 60 comme dans d’autres, l’automédication est une chose bien trop aléatoire pour prendre un risque que nous ne pouvons pas maitriser.

Étudié depuis des années, le Carbone 60 n’aurait pas démontré de toxicité sur l’animal mais…

Toujours est-il que les études portant sur la toxicité du C60 et sur sa génotoxicité en particulier, concluent sur son absence totale d’effets négatifs jusqu’à des doses maximale de 5 g/kg chez l’animal (Gharbi et al. 2005). D’autres chercheurs nous donnent la même conclusion (je traduis): « l’exposition orale aux nanoparticules de fullerène C60 vierges n’entraîne pas d’effets néfastes majeurs parce qu’elles n’étaient pas mutagènes et génotoxiques lors de la recherche expérimentale. Le fullerène C60 vierge est caractérisé par une faible toxicité et ne présente pas de risque dans l’environnement professionnel » (Prylutska 2017). Comme vous le savez peut-être, un autre dérivé du carbone, le charbon végétal activé est déjà utilisé par la médecine comme anti-poison depuis très longtemps. Certains affirment que le charbon végétal activé contiendrait d’infimes quantités de C60 mais là encore, aucune mesure vérifiable ne permet de le certifier. Cependant, la prise du charbon végétal activé est réputée comme sûre pour notre organisme, contrairement au Carbone 60 dont nous ne pouvons pas affirmer l’innocuité totale à court ou à long termes. Personne ne pourrait vous conseiller, et moi encore moins, d’expérimenter quoi que se soit avec cette molécule.

Carbone 60 que peut-il faire ?

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De manière assez générique, d’autres vous diront de consulter votre médecin mais il se trouve que 99,9999% des médecins généralistes ou spécialistes n’ont à ce jour aucune connaissance sur le Carbone 60 et qu’ils ne pourront certainement rien vous dire de sérieux sur ce sujet, à part de vous dire de faire preuve de bon sens en vous abstenant. Les médecins, pas plus que vous-même, n’ont la science infuse ni ne passent leur vie en colloques et séminaires pour se tenir au courant de la recherche scientifique. Ce n’est tout simplement pas leur rôle et même si les spécialistes le font, en fonction du temps qu’ils peuvent accorder à la recherche scientifique, il est fort probable qu’ils n’aient jamais entendu parler du Carbone 60. C’est une raison de plus pour s’en méfier et de s’abstenir de toute expérience personnelle.

Le C60 est distribué par supersmart.com depuis des années

Carbone 60 antioxydant

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Pour ma part, j’ai découvert l’existence du Carbone 60 il y a 4 ou 5 ans de cela sur le site de super-nutrition.com, un site connexe à super-smart nutrition.com. Il s’agit d’une marque de compléments alimentaires haut de gamme, présente sur le marché depuis très longtemps. Leurs compléments font vraiment partie des meilleurs du marché mais cela s’en ressent aussi sur le prix. A vrai dire, je n’avais pas vraiment fait attention au Carbone 60 à l’époque, tout en étant assez étonné de ce qu’ils avançaient sur leur site. Naturellement, les rédacteurs du site reprennent l’expérience de Tarek Baati et Fathi Moussa comme argument en soulignant l’allongement de la durée de vie des rongeurs de 90%. Ils évoquent aussi le rôle du C60 sur la limitation des déficiences cognitives liées à l’âge. Cependant, il faut le rappeler, la méthodologie scientifique employée par les auteurs est parfaitement critiquable.

Ses capacités d’antioxydant puissant sont plusieurs fois évoqués, au niveau cellulaire et des mitochondries en particulier, notamment contre les radicaux libres comme l’anion superoxyde et peroxyde ainsi que la peroxydation des lipides. Parkinson (Dugan 2001) et Alzheimer sont également cités mais les références bibliographiques ne sont pas données pour autant. Même s’il s’agit d’un site commercial, c’est aussi un des plus fiables mais je me méfie systématiquement des absences de références scientifiques, donnant un minimum de sérieux aux faits évoqués dans ce cas. Les rédacteurs insistent aussi sur les propriétés de protecteur du foie du Carbone 60. Super-nutrition.com rappelle que cette molécule de carbone ne présente pas de toxicité en fonction des expériences menées sur des rongeurs (voir bibliographie) mais que la consommation humaine n’est pas autorisée. Selon eux, elle dépendrait plutôt d’un choix personnel, ce qui ne peut pas vous être recommandée. Toujours est-il que nous possédons déjà un grand nombre de données sur ce sujet mais que nous pourrions poser une autre question: le Carbone 60 présente t-il un intérêt pour les athlètes de la force ou de l’endurance ?

Le Carbone 60 est sans doute déjà consommé par des sédentaires mais aussi par des athlètes depuis quelques années

Les témoignages de sédentaires et d’athlètes s’accumulent sur les réseaux mais aussi sur Youtube en particulier, principalement aux USA, comme vous auriez pu vous en douter. Certaines témoignages américains anecdotiques font état d’une amélioration mesurée et significative des télomères après plusieurs années de prise du Carbone 60 alors que d’autres annoncent avoir fait mesurer un taux de testostérone supérieur à 1300 ng/dl alors que la limite haute chez l’homme est estimée à environ 1000 ng/dl de litre de sang. Cependant, je n’ai pas vu leurs analyses. Il m’est alors impossible de valider des allégations aussi douteuses. Pour ma part, j’ai visionné bon nombre de vidéos sur le sujet et notamment celles d’une petite entreprise qui vend du C60 aux USA, C60 Purple Power.

Leurs vidéos Youtube présentent deux personnes dont un scientifique qui semble effectivement apporter des informations sérieuses et de qualité. Sa partenaire annonce cependant à chaque début de vidéo « Welcome to the C60 show… », ce qui m’incite fortement à la méfiance. Difficile de dire si tout ceci est lié à la mentalité américaine que l’on a parfois de la difficulté à comprendre ou si tout ceci est vraiment sérieux mais j’en doute fortement. Toujours est-il que sur des questions de santé, j’ai toujours beaucoup de mal à plaisanter. Dans une de leurs vidéos, ils expliquent pourquoi la testostérone augmente aussi facilement. Tout d’abord, ils argumentent sur les propriétés du Carbone 60 a équilibrer les taux de cholestérol, puis ils insistent sur une restauration optimale de la synthèse de la pregnénolone au niveau des mitochondries ainsi qu’à réduire la fatigue adrénale. Je veux bien les croire mais là encore, aucune preuve clinique n’est apportée sur ce qu’ils avancent. Ce qu’il ne disent pas c’est qu’un apport nutritionnel optimal en magnésium pourrait le faire aussi. A ce sujet, nous connaissons de manière plus certaine le rapport entre le magnésium et la testostérone.

 

synthèse des hormones à partir du cholestérol

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Tout ceci peut sembler idéal mais pour ma part, j’ai besoin d’autres preuves pour y croire réellement et dans l’état actuel de la recherche, toute forme d’automédication me semble toujours trop aléatoire et potentiellement néfaste à la santé, raisons de plus pour s’abstenir. Toujours est-il que des personnes pas vraiment connues pour être des comiques dans notre sport comme Ben Pakulski, se sont également intéressés au sujet. Je vous encourage d’ailleurs à écouter son podcast réalisé avec Ian Mitchell, avec la plus grande attention (ci-dessous). Ian Mitchell est chercheur aux USA, il dirige un petit laboratoire dans l’Oklahoma et étudie le Carbone 60 depuis maintenant 7 ans. Ben rappelle quels sont été les sujets de recherche en relation au Carbone 60 ainsi que son influence sur l’énergie, et l’ATP en particulier, sur le cancer, l’inflammation, les articulations et d’autres applications. Ian et Ben reviennent naturellement sur la capacité du C60 à neutraliser les radicaux libres avec plus d’efficacité que la plupart des antioxydants connus à ce jour. Ian Mitchell affirme ensuite que le C60 pourrait améliorer le recrutement des fibres musculaires pendant l’entraînement tout en facilitant la récupération post-exercice. C’est précisément ce point qui interpella Ban Pakulski (et moi tout autant) lorsque Ian Mitchell rappelle qu’un entraînement intense recruterait entre 25 et 30% des fibres musculaires au maximum mais qu’une surdose de C60 augmenterait largement ce pourcentage en présentant un risque sérieux de rupture pour les tendons.

Toujours est-il que l’étude de Prylutskyy YI et de ses collègues, publiée en 2017 dans le Journal of Nanobiotechnology va effectivement dans le sens d’une récupération post-exercice améliorée par le C60. L’étude de Vereshchaka publié un an après dans Front Physiology proposera une étude encore plus intéressante puisqu’elle compare les effets du C60 au NAC et au β-Alanine. Dans une autre vidéo LipoFullerenes for the Longevity Win, Ian Mitchell revient sur ses expériences sur des rongeurs en rapport au développement du cancer et le carbone 60. En marge du C60, Ian Mitchell nous explique comment le glucose nourrit les cellules cancéreuses mais également qu’un régime cétogène a ses limites pour ce type de pathologie puisque les acides aminés sont rapidement convertis par la néoglucogenèse en glucose. D’une manière plus générale, il insiste sur le fait que ce type de fullerène a d’abord pour propriété d’optimiser le travail des mitochondries en les débarrassant des déchets métaboliques et radicaux libres, permettant un fonctionnement beaucoup plus efficace de nos usines à fabriquer de l’ATP. Ben Pakulski évoque le chiffre de 58,3% d’augmentation de la production d’ATP, selon ses lectures d’articles sur le sujet. Là encore, il s’agit de se méfier de ce qui est avancé car cela n’a pas été vérifié.

carbone 60 performances athlétiques

Le C60 fait état de nombreuses allégations difficilement vérifiable…

Un site distribue déjà cette molécule en France

Vous n’aurez sans doute pas de difficulté à trouver le site avec Google mais comme je le répète souvent, mon blog n’est pas là pour vous inciter à prendre un complément alimentaire ou quoi que ce soit d’autre mais pour vous donner des informations scientifiques de qualité sur les ergogènes en particulier et la nutrition sportive en général. Toujours est-il que je n’ai pas été sans tester le C60. Durant les premiers jours, les effets de ce type de carbone sont assez discrets, sauf pour la qualité du sommeil qui s’améliore très largement. Au bout de quelques jours, je dormais pratiquement une heure en moins. C’est un effet qui est généralement constaté par une grande majorité de ceux qui prennent du Carbone 60. Mais c’est seulement après plus de deux semaines que les effets sur la force musculaire se feront sentir. Cependant, il m’est difficile de l’attribuer totalement au C60 puisque je prends aussi du nicotinamide riboside, du Co Q10, de la créatine monohydrate, de la taurine et du bêta-alanine. J’avais pris l’habitude de faire un échauffement avec l’écarté couché avec des haltères de 16kg, je prends maintenant 18 ou 20kg avec le même nombre de répétitions. Je monte ensuite sur mes séries jusqu’à 24kg alors que je ne dépassais pas les 6/8 fois 22kg trois semaines auparavant. J’ai également plus de facilité sur le Cross-over avec des sensations musculaires plus pleines tout en y ajoutant une plaque de plus mais le NR y est aussi pour quelque chose sur la congestion. il m’était donc impossible d’imputer quoi que ce soit à cette molécule de manière plus ou moins objective.

Propriétés physiques du C60

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Sur des exercices où je suis assez faible comme le développé couché, je n’ai pas observé de gain en force, sauf peut-être y avoir gagné une à deux répétitions, sans certitudes. Avec un exercice d’épaules où je suis très à l’aise comme le développé haltères, j’ai repris les haltères de 26kg pour 5 répétitions alors que je ne dépassais que rarement les 24kg par le passé. J’ai également plus de facilité au squat mais je suis resté à un poids assez moyen de 100kg alors que je monte souvent à 130kg. J’ai également mis 20kg de plus au Hack Squat alors que je reste généralement à 150/160kg. Sur le tirage dos poulie, j’ai également ajouté une plaque alors que je stagnais un peu auparavant. Globalement, la sensation de force se fait plus constante avec un gain réel même si je ne prends pas que du C60. La récupération post-exercices est également peut-être plus rapide. Autre effet très particulier du Carbone 60, c’est que j’ai très nettement diminué le café. C’est également un effet ressenti par la plupart des testeurs de C60. J’ai l’impression de ressentir les effets de la caféine beaucoup plus fortement qu’auparavant. Maintenant, je prends un café au matin mais sans avoir besoin d’en reprendre un après le repas du midi. Même chose pour ma boisson de pré-entraînement où j’ai dû réduire la dose alors que ma force musculaire avait augmentée. Globalement, la fatigue est beaucoup moins mesurable et sur ce point, le C60 s’associe très bien avec le NR ou peut-être mieux avec du NMN. Il reste cependant difficile de dire si ces effets potentiels ne seraient pas dû à un effet placebo général.

Nous n’avons pas suffisamment de données scientifiques pour dire que les fullerènes sont sans danger

Cependant, il ne faut pas croire que cette molécule puisse être totalement dépourvue d’effets négatifs. En réalité, il est probable que les fullerènes présentent une toxicité selon une étude de Amrit Kaur, professeur assistant au département de chimie du Sikh National Collège en Inde, dans l’International Journal in Physical & Applied Sciences où il évoque une toxicité éventuelle des fullerènes. L’expérience s’est donc arrêté ici pour ma part. Il s’agit de prendre en compte le fait que les fullerènes font partie des nanoparticules et que nous ne maitrisons que très mal leur impact sur l’organisme et sur l’environnement. La prudence reste donc l’approche la plus raisonnable à adopter selon moi. Il s’agit d’autant plus d’être prudent et de ne tenter aucune supplémentation personnelle puisque des chercheurs renommés et spécialisés dans le domaine de la longévité humaine comme Aubrey de Grey ou David Sinclair se sont montrés très critiques sur les expériences animales cités ci-dessus et qui auraient montrés des effets un peu trop beaux pour être crédibles. Finalement, le Carbone 60 sera t-il considéré comme un complément approuvé pour la consommation humaine dans un proche futur ou sera t-il accaparé par l’industrie pharmaceutique ? L’avenir nous le dira certainement. Pour ma part, c’est une expérience que je ne renouvellerai jamais et que je déconseille formellement à qui que ce soit. Si vous souffrez d’une maladie quelconque, consultez votre médecin. Lui seul est à même de vous faire des recommandations sur votre santé. Mais d’ici là, pensez à vous abonner à la newsletter du blog afin de vous tenir au courant de la sortie des articles et de développer, encore un peu plus surement, votre culture physique…

Eric Mallet

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A propos de l'auteur

Passionné et pratiquant de la musculation depuis près de 28 ans, je me suis toujours intéressé au développement des ergogènes et de la nutrition sportive. Diplômé des universités Lille 3 et Paris 7, je travaille actuellement sur la rédaction de plusieurs ouvrages dont la sublimation par la culture physique et la musculation sur le plan psychanalytique. Consultant dans le domaine des compléments alimentaires, j'accompagne les entreprises dans le développement de leur stratégie de vente et de communication en matière de nutrition sportive. Espace Corps Esprit Forme est à considérer comme un blog de vulgarisation scientifique, destiné à aider les athlètes tout en leurs donnant des informations scientifiques utiles à leur pratique des sports de force.

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  1. Oliver Queen -  9 juillet 2021 - 13 h 26 min

    Bonjour,

    Merci pour cette « étude » vraiment élargie, bien plus intéressante qu’un résumé copié-collé que l’on peu trouver en n’approfondissant pas les recherches sur cette molécule.

    Justement, j’ai découvert ce produit sur le même site que vous.
    Et aussi après d’autre recherche sur un site plus « chauvin » de notre territoire. Qui a pour différence de faire du C60 a base d’huile de coco. Et le fullerène proviendrai du shungite

    De ce fait j’avais une question. Celui que vous évoquez dans votre texte plus haut. Concerne-t’il le produit de SuperNutrition ?

    Il y’aurait t’il des conditionnement moins intéressant que d’autre, en parlant de qualité ? Pour ne pas dire des produits ou l’on se fait avoir …

    Merci beaucoup.

    A bientôt.

    Cordialement.

    • Eric -  10 juillet 2021 - 9 h 07 min

      Bonjour Olivier,

      Non, il ne s’agit de Super Nutrition. Cependant, j’ai aujourd’hui de très sérieux doutes sur l’utilité de cette molécule. Les commentaires faits par Aubrey de Grey et David Sinclair sur l’expérience réalisée sur des rongeurs que j’ai citée et que l’on cite souvent en référence me font surtout penser que le C60 présente beaucoup moins d’intérêt qu’on ne le pense. Depuis cet article, je n’ai pas recommandé et je m’en porte d’ailleurs très bien.

      Cordialement,
      Eric Mallet

      https://www.espacecorps-espritforme.fr/
  2. Oliver Queen -  15 juillet 2021 - 10 h 50 min

    Bonjour

    Merci pour votre réponse rapide. J’en prend bonne note !

    J’en ai commandé, mais sur un autre site.( https://c60-france.com/fr/ ).
    C’était avant de vous écrire et je faisais des recherches. Peut être que je repasserai vous donner des détails. Même si je reste méfiant. Et que votre article semble quand même mettre en garde son utilisation trop « sommaire »

    Cela dit, je crois qu’ensuite je vais plus diriger mon intérêt vers le GHK-cu ( aussi disponible chez super-nutrition ).

    Bien sur c’est quelque chose de totalement différent mais qui présente autant d’avantages. ( J’ai fait une recherche à ce propos sur votre site mais n’ai rien trouvé.)

    Bien à vous.

    Cordialement.

    • Eric -  15 juillet 2021 - 13 h 40 min

      Bonjour Oliver,

      En effet, il est sans doute un peu précipité pour dire que le C60 soit aussi favorable à la santé que ce que l’on en dit actuellement, au regard de la recherche scientifique actuelle. Le GHK-Cuivre me parait nettement plus intéressant. J’en est déjà pris avec un très bon ressenti en termes de bien-être. N’hésitez pas à revenir vers moi à ce sujet. Il est toujours utile d’avoir des retours sur ces sujets.

      Bien cordialement,
      Eric Mallet

      https://www.espacecorps-espritforme.fr/
  3. Oliver Queen -  16 juillet 2021 - 11 h 02 min

    Re Bonjour

    Une aubaine que certaines heures creuses à mon travail du au fait des vacances me permettent de papillonner plus fréquemment que ‘habitude.

    Parfait, cela sera avec plaisir.

    D’ici quelques mois peut être.

    En attendant voici quelque résultat qui ne semblent pas être accessible dés la première recherche sur le Web.

    En commençant par les plus simple:

    Qui sont censées rassurer

    https://link.springer.com/article/10.1186/s11671-017-1876-4

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00534766/document

    Et celles a propos du fullerène qui font un plus froid dans le dos.

    https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0014579396008125

    Et

    http://www.ipacom.com/images/Articles/Article_to_Carbon_2006_en.pdf.

    Si cela peut vous intéresser. Je ne suis pas expert et doté d’une interprétation lamba, mais le terme « toxique » à suffit.

    Merci bien pour votre attention

    A bientôt.

    Cordialement.

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